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LIVRE 2 CHAPITRE 20

CHAPITRE XX.

Meurtre d’Aëtius suivi de celui de l’Empereur Valentinien III. Maximus lui succede, & regne peu de semaines. Les Visigots font Avitus Empereur d’Occident.


Il est impossible que la conduite qu’Aëtius avoit tenuë quand il laissa échapper en quatre cens cinquante et un Attila battu dans les champs catalauniques, et lorsque l’année suivante, il lui tint ouvertes les portes de l’Italie, ne l’eût mis très-mal à la cour de l’empereur. Ce grand capitaine avoit fourni aux courtisans des sujets de parler mal de lui avec fondement, et l’on peut croire que les hommes de cette profession ne l’avoient point ménagé, eux qui loin d’épargner le général le plus fidele à son prince, ne parlent souvent de ses victoires, que comme en parle l’ennemi vaincu, parce qu’ils craignent qu’on ne récompense les services du guerrier en lui conférant les dignités qu’ils ambitionnent, et dont ils sçavent bien qu’ils ne sont point aussi dignes que lui. Valentinien se seroit défait dès lors d’Aëtius, s’il avoit pû s’en défaire, mais il est à croire que ce patrice se tenoit sur ses gardes, et qu’ayant autant d’amis et de créatures qu’il en avoit, il n’étoit pas possible de le tuer dans quelqu’endroit que ce fût, sans livrer une espece de combat, dont le succès auroit été bien douteux. Ainsi l’empereur fut réduit à recourir à l’artifice pour se faire raison d’un sujet. » L’accommodement de l’Empereur & d’Aëtius disent les Fastes de Prosper sur l’année quatre cens cinquante-quatre, fut enfin conclu. Il fut convenu que Valentinien donneroit en mariage une de ses filles à Gaudentius, fils d’Aëtius, & de part & d’autre on fit les sermens les plus solemnels d’observer religieusement l’accord, » Mais cet accommodement qui devoit rétablir une bonne intelligence entre le prince et le sujet, fut la source