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combats, & après avoir eu plusieurs démêlés avec ses freres, périt dans les embûches qu’ils lui dresserent. » Ainsi comme Thorismond parvenu au trône vers le mois de juillet de l’année quatre cens cinquante-un mourut, comme on le verra, à la fin du mois d’août de l’année quatre cens cinquante-trois, il faut que ce soit précisément dans le tems où Jornandès fait faire au roi des Huns après son expédition en Italie, une seconde invasion dans les Gaules, c’est-à-dire, dans l’année quatre cens cinquante-deux, ou bien dans l’année suivante que Thorismond ait défait les Alains. Or, qu’il s’agisse dans le passage de Gregoire de Tours, qui vient d’être rapporté, des Alains établis sur la Loire, on n’en sçauroit douter. Jornandès dit positivement que ce fut contre les Alains qui habitoient au-delà de la Loire que Thorismond eut affaire : d’ailleurs, quels démêlez Thorismond, dont les Etats situés sur les bords de la Garonne ne s’étendoient pas encore jusques au Rhône, pouvoit-il avoir avec ceux des Alains qui demeuroient dans leur ancienne patrie ?

En second lieu, il y a du faux dans la narration de Jornandès. C’est qu’Attila soit revenu dans les Gaules en personne, et qu’il y ait perdu une bataille aussi sanglante que celle qu’il avoit perduë en quatre cens cinquante et un dans les champs Catalauniques. Premierement, le peu de tems qui s’est écoulé depuis le retour d’Attila dans ses Etats après son expédition d’Italie jusques à sa mort, ne permet pas de croire qu’il ait eu le loisir d’assembler une armée assez nombreuse pour tenter à sa tête une seconde fois la conquête de la Gaule. Enfin, cette seconde invasion des Gaules auroit été un évenement si considerable, que Prosper, Idace, en un mot tout ce qui nous reste d’historiens, et même les poëtes contemporains en auroient fait quelque mention. Aucun d’eux n’en a parlé. Si le silence d’un de ces auteurs ne prouve rien, du moins leur silence, si j’ose le dire, unanime, doit être réputé une preuve. J’ajoûterai même que la maniere dont s’explique Idace dans l’endroit où il parle de la mort d’Attila, et que nous avons rapporté, montre qu’Attila ne sortit point de ses Etats depuis son retour d’Italie.

Je crois donc qu’il est certainement faux qu’Attila soit jamais revenu dans les Gaules, et qu’il y ait perdu en personne une bataille aussi mémorable que celle des champs Catalauniques : mais je crois en même-tems, que ce prince aura dès qu’il eut évacué l’Italie à la fin de l’année qua-