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les passages de ces montagnes, et qui avoit promis à l’empereur tout ce qu’il falloit lui promettre pour le rassurer, n’avoit fait néanmoins aucune des dispositions nécessaires pour les mettre en état de défense. Il n’avoit ni coupé les voyes militaires, ni retranché les défilés. Ainsi les Huns entrerent en Italie sans obstacle et sans coup férir. Aëtius augmenta encore les soupçons que sa conduite devoit donner à l’empereur, en lui proposant d’abandonner l’Italie, et de se retirer avec sa cour dans les Gaules. Ce géneral se flattoit apparemment de gouverner plus à son gré la cour, lorsqu’elle seroit dans cette derniere province remplie des quartiers de confédérés, qui le regardoient comme leur ami particulier, que si elle continuoit à faire son séjour en Italie, où les barbares n’avoient point encore d’établissement : mais ce parti si deshonorant, et qu’on ne pouvoit prendre sans livrer à l’étranger la plus noble des provinces de l’empire Romain, celle qui avoit été son berceau, et où son trône étoit encore, ne fut point suivi.

Cependant Attila qui avoit pris Aquilée, s’avançoit toujours, et bien-tôt il alloit passer l’Apennin, le seul rempart qui couvroit encore la ville de Rome, aussi peu en état d’être défenduë que l’avoient été les Alpes. Il fallut donc demander la paix au roi des Huns. Le pape saint Leon consentit à se charger de la négociation. Sa presence majestueuse, et la force de ses représentations firent tant d’impression sur Attila, qu’il voulut bien accorder au souverain pontife la paix qui lui étoit demandée. Ce barbare qui s’étoit avancé jusques à Governolo sur le Mincio, où il donna audience à saint Leon, rebroussa chemin aussi-tôt. Après avoir ordonné à ses troupes de cesser tous actes d’hostilité, il regagna la Pannonie, et il se rendit sur le Danube, que même il repassa.

Pour finir ce qui concerne Attila, j’anticiperai sur l’histoire de l’année suivante, et je dirai qu’en quatre cens cinquante-trois ; ce prince mourut d’une hémorragie, et qu’il décéda dans ses propres Etats. C’est ce que nous apprenons des fastes de Prosper, ausquels le récit d’Idace est conforme. Ce dernier