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défaire les Huns et leurs alliés dans les champs Catalauniques, sous le prétexte grossier qu’après cette défaite les Visigots qui venoient de perdre leur roi, et à qui l’on pouvoit opposer tant d’autres nations amies, feroient la loi à l’empire d’Occident. Comme ce général avoit mérité durant long-tems la réputation d’homme vertueux et de bon citoyen, il faut croire qu’il ne devint perfide, que parce que sous le regne où il vivoit, une personne comme lui étoit en danger de perdre ses dignités et peut-être la vie, dès qu’elle se trouvoit à la merci d’un prince livré à des courtisans, la plûpart avides du bien d’autrui ; parce qu’ils avoient dissipé le leur, et presque tous ennemis du véritable mérite, parce qu’ils n’en avoient pas d’autre que celui d’exceller dans les amusemens frivoles, qui font la plus grande occupation des cours. En épargnant Attila, Aëtius aura crû encore faire revivre l’amitié que les Huns avoient toujours euë pour lui, et que le nouveau crédit qu’il acquiereroit ainsi sur leur esprit, le rendroit en quelque façon le maître de les faire agir à son gré, de maniere que quand il lui plairoit, il pourroit jetter la cour de Ravenne en de telles allarmes, qu’il y seroit toujours respecté comme un homme nécessaire à l’Etat. Les soupçons ausquels la conduite d’Aëtius durant la campagne de quatre cens cinquante-un auront donné lieu, et les discours qui se seront tenus en conséquence à Ravenne, auront augmenté l’inquiétude de ce géneral, qui, dans la crainte d’être recherché pour son premier crime, en aura commis un second, celui dont il doit être parlé dans le chapitre suivant.