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le corps sans le reconnoître. Sa chute l’avoit apparemment étourdi ; cependant d’autres prétendent qu’il fut tué d’un coup de javelot que lui lança Andagis un des Ostrogots qui servoit dans l’armée d’Attila. Voilà comment s’accomplit par hazard la prédiction que les devins avoient faite au roi des Huns, lorsqu’ils lui avoient annoncé qu’il perdroit la bataille, mais que le principal chef des ennemis demeureroit sur la place. L’on se rompit et l’on se rallia plusieurs fois. Enfin les Visigots qui faisoient l’aîle droite de l’armée Romaine, prirent le parti de charger les Huns qui étoient au centre de l’armée d’Attila, et qui lui servoient, pour ainsi dire de forteresse. Les Visigots déborderent donc d’abord le corps d’Alains, qui étoit au centre de l’armée Romaine, et marchant ensuite sur leur gauche, ils occuperent le terrain que ce corps avoit devant lui. Les Visigots se trouverent ainsi en face des Huns, et ils les chargerent avec beaucoup d’ardeur. Les Huns plierent, et leur roi même auroit été tué, s’il ne se fût pas retiré dans son camp, qui suivant l’usage de sa nation étoit retranché ou plûtôt barricadé avec des chariots dont elle étoit dans l’usage de mener toujours un grand nombre à l’armée. J’observerai à ce sujet, qu’encore aujourd’hui les Polonois et les peuples leurs voisins, qui habitent le même païs qu’habitoit une partie des nations qui suivoient Attila, menent un charroy nombreux quand ils vont à la guerre, et qu’ils s’en servent aussi pour faire autour de leurs campemens cette enceinte qu’ils appellent le tabor. Suivant le récit d’Idace, la nuit favorisa beaucoup la retraite d’Attila. Aussi nous avons vû que la résolution de ce prince, lorsqu’il se fut déterminé à donner bataille, étoit de n’engager l’action que trois heures avant le coucher du soleil, afin qu’il pût, au cas que ses troupes eussent du désavantage, éviter une entiere défaite, en se retirant à la faveur de la nuit. Voilà donc l’armée à laquelle il n’y avoit point de remparts qui pûssent résister quand elle entra dans les Gaules, réduite à se mettre à couvert derriere la fresle enceinte de ses chariots.

Thorismond, fils du roi Theodoric, qui avoit poursuivi les