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ils forcent plusieurs Villes. Mais par un effet particulier de la

Providence, ils sont défaits dans une bataille rangée qu’ils

donnent contre le Roi Theodoric & contre le Géneral Aëtius, » qui avoient réuni leurs forces. Cet évenement arriva dans les champs Catalauniques, en un lieu peu éloigné du District de la Ville de Mets, que ces mêmes Huns avoient prise & pillée, lorsqu’ils étoient entrés dans les Gaules. » Les lizieres du territoire de cette ville ne devoient pas être fort éloignées des champs Catalauniques. Or Idace dit ici, La cité et non point la ville de Mets. Nous avons vû au commencement de cet ouvrage la difference qui est entre ces deux mots.

M. De Valois prétend avec fondement, que Jornandès confond mal-à-propos les champs Mauriciens qui tiroient leur nom de Mauriacum, aujourd’hui Méri lieu du diocèse de Troyes, avec les champs Catalauniques qui étoient dans le diocèse de Châlons dont ils prenoient leur nom. Il ne faut point être surpris que Jornandès qui n’étoit peut-être jamais venu dans les Gaules, ait confondu dans un tems où les cartes de geographie étoient fort imparfaites et fort rares, deux plaines voisines l’une de l’autre, et peut-être contiguës ; car nous ne sçavons point où commençoient du côté de l’orient les champs Mauriciens, ni où finissoient du côté de l’occident les champs Catalauniques. Les lieux que nous ne voyons que de loin, se rapprochent les uns des autres à nos yeux.

Reprenons le récit de Jornandès. Cet auteur après avoir dit qu’Attila résolut sur la réponse des devins, de combattre ses ennemis, raconte assez en détail les principales circonstances de la bataille qui se donna en conséquence de cette résolution. Il paroît néanmoins en réflechissant sur le récit même de cet historïen, qu’Attila, quoiqu’il fût résolu d’en venir à une action génerale, s’il en trouvoit l’occasion favorable, ne donna point la fameuse bataille des champs Catalauniques, comme on le dit, de propos déliberé. On voit au contraire dans les manœuvres que fit le roi des Huns, la conduite d’un géneral habile qui voudroit bien ne point hazarder encore la bataille qu’il a résolu de donner, mais qui sçait prendre son parti, quand les conjonctures le forcent, ou à la livrer plûtôt qu’il ne l’auroit voulu, ou bien à s’exposer aux inconvéniens d’une retraite, qu’il prévoit devoir nécessairement dégénérer en une fuite.

Un combat des plus sanglans, et qui se donna la veille de la bataille générale, en fut comme le prélude. Aëtius avoit