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étoit plus glorieux à l’empire qu’on vît son général commander à tant de rois qui n’étoient pas sujets de la monarchie ; mais dans la verité il étoit triste qu’il y eût tant de souverains sur son territoire. Un prince est bien plus puissant, lorsqu’il n’y a que lui qui soit un grand seigneur dans ses Etats, que lorsqu’il a des vassaux qui sont eux-mêmes de grands seigneurs.

Dès qu’Attila eût évacué Orleans, ce qui arriva le quatorziéme juin de l’année quatre cens cinquante et un, il se mit en route, comme nous l’avons dit, pour regagner le Rhin, et il marcha prenant toutes les précautions nécessaires, pour n’être point obligé à donner une bataille contre une armée qui ne devoit pas être de beaucoup moins nombreuse que la sienne, et qui avoit l’avantage de poursuivre un ennemi qui se retiroit. Aëtius qui avoit jugé à propos de suivre les Huns, soit pour leur ôter l’envie de faire quelque nouvelle entreprise, dont le succès les eût dispensés de sortir des Gaules, soit pour les empêcher, en les obligeant à marcher serrés, de courir les païs qui se trouveroient à la droite et à la gauche de leur route, les atteignit peut-être sans le vouloir, dans les champs Catalauniques ou Mauriciens. « Attila, dit Jornandès, consterné de la découverte de ses intelligences avec Sangibanus, & ne comptant point assez sur les troupes ramassées qui le suivoient, pour s’exposer à leur tête aux hazards d’une action generale & décisive, avoit résolu, quoique le parti qu’il alloit prendre fût bien mortifiant pour lui, de regagner le Rhin, en marchant avec tant de précaution, que les ennemis ne pussent pas les obliger à livrer bataille. » Il changea néanmoins de sentiment, à ce qu’il paroît, quand il eût consulté les devins, ce qu’il aura fait, suivant toutes les apparences, lorsque les romains et lui ils se trouverent en présence. » La réponse que firent ces Devins après avoir examiné les entrailles des victimes, fut que les Huns seroient