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regne de vingt-quatre ans, ne mourut qu’en l’année quatre cens quatre-vingt-un. Pour les Sarmates dont parle Jornandès, c’étoient très-probablement les Alains, sujets de Sangibanus, qu’il a plû à cet historien de désigner ici par le nom géneral de Sarmates. Ma conjecture est fondée sur ce qu’il est certain par Jornandès même, que ces Scythes, que ces Alains étoient dans le camp d’Aëtius, et que cependant notre auteur ne les désigne par aucun autre nom, que celui de Sarmates, en faisant le dénombrement des troupes de ce camp-là. Nous avons déja dit qui étoient et les Armoriques et les Létes. Quant aux Saxons, c’étoit peut-être la peuplade de Saxons établie il y avoit déja long-tems dans la cité de Bayeux, et dont nous avons parlé dès le commencement de cet ouvrage. Ils avoient suivi, selon l’apparence, le parti des Armoriques dont ils étoient environnés. Nos Bourguignons étoient l’essain de cette nation, à qui Aëtius avoit donné des terres dans la sapaudia. On a vû qui étoient les Ripuaires. Quant aux Brions ou Bréons dont il est fait aussi mention dans Cassiodore : c’étoit le même peuple dont il est parlé dans les auteurs plus anciens, sous le nom de Brenni. Leur païs faisoit une partie de la Norique, et il avoit été subjugué sous le regne d’Auguste par Drufus Nero, le frere de l’empereur Tibere.

Parmi les peuples et parmi les essains échappés de quelque nation barbare, dont on vient de lire le dénombrement, il n’y en avoit point, suivant Jornandès, qui n’eussent été sujets, ou du moins qui n’eussent été à la solde de l’empire, et à qui ses officiers n’eussent été n’agueres en droit de commander. Mais comme ces peuples et ces essains de barbares s’étoient rendus indépendans, ou que du moins ils se gouvernoient comme s’ils eussent été indépendans de l’empire, il avoit fallu qu’Aëtius leur eût demandé du secours comme à des alliés, au lieu de leur ordonner en maître, comme il auroit pû le faire dans les tems antérieurs, de joindre son armée un tel jour. En un sens, il