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ses sujets naturels, le plus grand nombre étoient des Germains qui le suivoient uniquement par le motif de faire fortune. Il étoit donc à craindre que ces barbares dégoutés de rencontrer de la résistance, et d’essuyer la disette dans des lieux où l’on les avoit flattés qu’ils n’auroient point d’armée à combattre, et qu’ils trouveroient une subsistance abondante et toute sorte de biens, ne traitassent avec Aëtius, et qu’ils ne laissassent les Huns à sa merci. Le mieux étoit donc de remener incessamment tous ces barbares dans la Germanie, et de leur promettre que l’année prochaine, on les conduiroit dans des contrées aussi abondantes que les Gaules, et où ils ne trouveroient point d’ennemis qui tinssent la campagne. Il est d’autant plus apparent qu’Attila se sera servi de cette ruse, pour empêcher les troupes qui n’étoient pas composées de ses sujets naturels, de le quitter, qu’on peut croire sans peine qu’il avoit dès-lors formé le dessein de faire en Italie l’invasion qu’il y fit l’année suivante.

Enfin l’armée à la tête de laquelle Aëtius s’approchoit d’Orleans, étoit suffisante même sans tous ces motifs, pour déterminer le roi des Huns à prendre le parti de se retirer et de regagner le Rhin. » Les Romains & les Visigots, dit Jornandès, furent joints par les troupes auxiliaires des Francs, des Sarmates, des Armoriques, des Létes, des Saxons, des Bourguignons, des Ripuaires & des Bréons, qui dans les tems précédens avoient été Sujets de l’Empire Romain, mais qui dans cette occasion le servoient seulement en qualité de ses Alliés. » J’ai traduit Miles par Sujet, fondé sur ce que Jornandès l’oppose ici à Soldat dans des troupes auxiliaires, et sur la signification que ce mot avoit communément dans le cinquiéme et dans le sixiéme siécle. Il en est parlé ailleurs. Outre ces peuples, ajoute Jornandès, plusieurs autres nations de la Gaule et de la Germanie, joignirent l’armée d’Aëtius.

Les Francs qui joignirent Aëtius, étoient trés-probablement la tribu sur laquelle regnoit alors Mérovée. Ce prince, suivant la chronique de Prosper, étoit monté sur le trône dès l’année quatre cens quarante-huit, et il ne doit être mort que vers l’année quatre cens cinquante-huit, puisque Childeric son fils et son successeur qui, comme nous l’avons déja dit, mourut après un