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euës dix ans auparavant pour saint Germain l’Auxerrois. Enfin Attila aura eu en quatre cens cinquante et un pour l’évêque d’Orleans les mêmes égards, que ce prince barbare eut lui-même l’année suivante pour saint Leon, lorsque, comme nous le dirons en son lieu, il accorda dans le tems même qu’il marchoit pour aller à Rome, une suspension d’armes, aux prieres de ce grand pape.

Ainsi je crois qu’Attila évacua Orleans le quatorze de juin[1], et qu’il reprit le chemin du Rhin à l’approche de l’armée d’Aëtius. Nous avons laissé ce général dans le poste qu’il avoit occupé pour y recevoir les secours des alliés de l’empire. La plûpart avoient attendu qu’Attila se fût avancé jusqu’au centre des Gaules, pour quitter leur païs, dans la crainte qu’il ne fît une contre-marche qui l’y portât. Mais dès que les Francs et les Bourguignons auront vû le roi des Huns dans le voisinage d’Orleans, ils se seront mis en mouvement, pour joindre Aëtius ; cependant, comme il aura fallu marcher avec précaution, pour ne point s’exposer à être surpris par quelque détachement de l’armée ennemie, il n’est pas étonnant qu’Orleans fût déja réduit aux abois, lorsqu’ils arriverent au rendez-vous géneral, et que la place ait été emportée, quand ils en étoient encore éloignés de deux ou trois journées.

Il paroît par celles des circonstances de ce grand évenement qui nous sont connues, qu’Attila prit le parti de se retirer et de regagner le Rhin, dès qu’il vit son projet déconcerté par la réunion de tous les peuples de la Gaule, et par la découverte des intelligences qu’il entretenoit avec Sangibanus. En effet, au lieu d’entrer sans coup férir dans Orleans, il s’étoit vû d’abord obligé à faire dans les formes le siége de cette place ; ce qui avoit donné aux nations, dont il esperoit de gagner une partie, et qu’il se flattoit du moins de n’avoir à combattre que l’une après l’autre, le tems de se concilier et de joindre leurs forces. On peut croire encore que l’armée d’Aëtius qui avoit le païs pour elle, enlevoit chaque jour les fourageurs de celle d’Attila et que les Huns sentirent bien-tôt toutes les incommodités qui ne manquent pas de se faire sentir à des troupes qui se sont engagées trop avant, et que l’ennemi resserre. Quelque nombreux que fût leur camp, il ne pouvoit, ayant dans son voisinage l’armée d’Aëtius, tenir en sujettion qu’une certaine étendue de païs, laquelle dut être mangée au bout de huit jours. D’ailleurs tous les soldats que le roi des Huns avoit dans son armée, n’étoient point

  1. Val. Nov. G. p. 229.