Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/442

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’ennemi ; car il est certain que les troupes d’Attila y entrerent. Sidonius Apollinaris qui étoit déja au monde lorsque cet évenement arriva, dit dans une lettre qu’il écrit à Prosper, évêque d’Orleans, et par conséquent un des successeurs de saint Aignan. » Vous voulez exiger de moi que je compose l’Hitoire de la guerre d’Attila, & que j’apprenne à nos neveux comment il a pu se faire, que la Ville d’Orleans ait été prise par force après un siege fait dans les formes, sans avoir été cependant mise au pillage. Vous voulez que je les instruise de la prophétie célebre que fit le Saint Evêque qui siégeoit dans ce tems-là, dès que le Seigneur lui eut revelé qu’il avoit exaucé ses prieres ? » Qu’alleguer contre une déposition aussi claire et aussi peu reprochable que l’est celle de Sidonius. Elle ne sçauroit certainement être infirmée par le témoignage d’un auteur qui n’a écrit que cent cinquante ans après l’évenement. Ainsi, quoique Gregoire de Tours dise positivement qu’Orleans tenoit encore, lorsqu’Aëtius parut en vûë de la ville, on ne sçauroit s’empêcher de croire qu’elle ne fût déja prise, quand ce patrice s’en approcha. Si Attila ne traita point Orleans, comme il avoit traité Mets quelques semaines auparavant, c’est peut-être parce qu’il avoit pris dès lors la résolution de regagner le Rhin, et que prévoyant que plus ses soldats seroient chargés de butin, plus il seroit facile à l’armée Romaine de les atteindre et de les battre, il fut bien aise de leur ôter les occasions de piller ? Comment sera-t-il venu à bout d’empêcher une armée comme la sienne, de saccager une ville emportée d’assaut ? Il en sera venu à bout, en ne faisant monter à l’assaut que les troupes composées de ses sujets naturels, par qui ensuite il aura fait garder les brêches et les portes de la ville, avec ordre de n’y laisser entrer personne.

Attila se sera donc contenté de la contribution qu’Orleans aura donnée pour se racheter, et cette contribution aura été reglée par saint Aignan. Les rois barbares de ces tems-là avoient, quoique payens, beaucoup de respect pour les évêques ; Attila aura donc eu dans l’occasion dont il s’agit, les mêmes complaisances pour saint Aignan, qu’Eocarix avoit