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l’ordre. On voyoit, dit Sidonius, des troupes de cavalerie, dont les Soldats étoient couverts de peaux, obéir aux signaux que la trompette Romaine donnoit. Le Visigot fait son service avec la ponctualité la plus exacte. Il semble qu’il craigne de se trouver dans quelqu’un des cas où le Soldat Romain qui s’y trouve, perd, suivant nos loix militaires, une partie de sa solde, »

Pour peu qu’on ait d’habitude avec les auteurs du cinquiéme et du sixiéme siécle, on ne sera point étonné de voir que Sidonius désigne ici les Visigots, en les appellant des cavaliers couverts de peaux. Les barbares affectoient de porter des habits faits de peaux, quoiqu’ils se fussent établis dans des païs où il se fabriquoit des étoffes, et où il n’étoit pas aussi nécessaire de se fourer que dans les contrées dont ils étoient la plûpart originaires. Si quelqu’un, dit l’Auteur du Poëme de la Providence qui se trouve parmi les Ouvrages de Saint Prosper Disciple de Saint Augustin, demande pourquoi Dieu a créé les Loups les Loups cerviers & les Ours, qu’il fasse réflexion à la beauté comme à l’utilité des fourures qui se font des peaux de ces bêtes féroces. Les Grands & les Rois des Scythes & des Gots ne preferenc-ils pas ces fourures aux étoffes de soye teintes en pourpre » ? Sidonius parle en une infinité de ses ouvrages des vêtemens de peaux que portoient les barbares, comme d’un habillement qui leur étoit propre, et par lequel il étoit aussi facile de les distinguer du Romain, que par leur longue chevelure. Dans le discours que Sidonius fit aux citoïens de Bourges, pour les engager à choisir Simplicius leur compatriote, pour évêque, il leur dit que s’il est jamais question d’envoyer une députation dans quelqu’occasion importante, Simplicius s’acquittera d’une pareille fonction aussi-bien qu’aucun autre, et qu’il a déja été plusieurs fois envoyé avec succès par ses concitoïens, vers des rois habillés de peaux, et vers des officiers vêtus de pourpre. Sidonius oppose ici les barbares aux romains, en désignant les uns et les autres par les vêtemens qui leur étoient propres.