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pais des Belges, & Aëtius qui vient d’Italie pour défendre les Gaules, est encore aux débouchés des Alpes ; l’armée qu’il amene avec lui, est presque sans Soldats. C’est sur les Visigots qu’il compte. Il présume qu’ils voudront bien remplir le vuide qui est dans son camp. Ainsi ce Général devient proye des soucis les plus cuisans, aussi-tôt qu’il est informé que ces Barbares ont résolu d’attendre dans leurs quartiers les Huns, dont ils n’ont point de peur. Enfin il prend le parti d’avoir recours à l’entremise d’Avitus, & d’un ton de suppliant, il lui dit dans une assemblée des principaux personnages des Gaules : Avitus, vous dont le monde Romain attend aujourd’hui son salut, il ne vous est pas nouveau de voir Aëtius recourir à vous. Dès que vous avez voulu empêcher que les Visigots vainqueurs de Litorius Celsus & des Huns, ne fissent de nouvelles conquêtes sur l’Empire, les Visigots ont remis l’épée dans le foureau. Ils la tireront aujourd’hui pour son service, si vous le voulez, N’est-ce pas la crainte de vous déplaire qui retient tant de milliers de ces Barbares dans les bornes de leurs Concessions. Quoiqu’au fond du cœur ils soient nos ennemis, ils ne veulent pas rompre une paix que vous avez conclue. C’est l’amitié qu’ils ont pour vous qui sert de rempart à nos Provinces ouvertes. Allez, Avitus, amenez à notre secours leurs enseignes victorieuses. Si la défaite des Huns commandés par Litorius, laquelle nous jetta dans de si grandes allarmes, aboutit enfin à notre gloire par votre moyen, vous pouvez nous en faire acquérir une nouvelle par une seconde défaite des Huns. Engagez les Visigots à les battre une autre fois. Dès qu’Aerius eut cessé de parler, Avitus promit de faire tout ce qui lui seroit possible, & sa promesse fut réputée un gage assûré du succès. Il part donc, & bien-tôt cet homme qui sçavoit manier à son gré l’esprit de nos Visigots, leur fait prendre les armes. »

Ainsi ces barbares se mirent aux champs, et ils joignirent l’armée Romaine. Aëtius continua de commander en chef après cette jonction, et c’étoit de lui que les Visigots prenoient