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leur répondit : Romains, mon intention est de faire tout ce que vous me proposez ; je suis, & je me déclare l’ennemi d’Attila, & me voilà prêt à marcher par tout où nous pourrons le rencontrer. Il estt, je ne l’ignore pas, vainqueur de plusieurs Nations belliqueuses ; mais le titre de victorieux n’impose point aux Visigots. On ne doit craindre les hazards de la guerre, que lorsqu’on fait une guerre injuste, mais quand on défend une cause approuvée par le Dieu des armées, on ne doit point avoir peur de l’évenement des combats. Tous les Visigots applaudirent au discours de leur Roi. »

Suivant la narration de Sidonius Apollinaris qui vivoit alors, Theodoric ne se laissa point persuader avec tant de facilité, de joindre ses forces à celles de Valentinien. Il s’en faut beaucoup, suivant cet auteur, que le roi barbare ait montré pour lors autant de bonne volonté que le dit Jornandès. Mais l’historien des Gots qui lui-même étoit Got, et qui étoit du nombre de ceux de cette nation qui vivoient en Italie sous la domination des Romains d’Orient, après que ces derniers l’eurent conquise sur les Ostrogots vers le milieu du sixiéme siécle, aura un peu alteré la verité. Il aura dépeint sa nation comme toujours portée par son inclination naturelle à servir l’empire, afin de diminuer l’aversion que ses vainqueurs avoient pour elle.

Sidonius Apollinaris écrit donc dans le panegyrique de l’empereur Avitus, que ce Romain s’étoit retiré à la campagne au sortir de la préfecture du prétoire des Gaules, et qu’il y vivoit dans une espece de retraite, quand sa patrie fut inondée, pour ainsi dire, par un torrent formé de toutes les ravines du nord. « Les troupes d’Attila courent déja