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leans, et il marcha avec autant de diligence qu’il lui étoit possible d’en faire à la tête d’une armée aussi nombreuse que la sienne, et qui étoit souvent obligée de se détourner, ou de s’étendre, pour trouver de la subsistance. Attila n’avoit ni munitionnaires avec lui, ni magasins sur sa route, et la saison de l’année où l’on étoit, ne lui permettoit point de tirer du plat-païs les secours qu’on en tire vers la fin de l’été, quand la campagne est couverte de fruits mûrs et de moissons qu’on recueille. Ce fut donc la nécessité d’avoir des vivres qui le contraignit suivant l’apparence, d’attaquer quelques places qui étoient hors du chemin qu’il lui falloit tenir, et dans lesquelles, suivant ce qui arrive en de pareils cas, les habitans du plat-païs avoient retiré leurs effets, à moins qu’il n’en ait usé ainsi, pour faire prendre le change aux Romains, en leur donnant à penser que c’étoit sur la Meuse, et non pas sur la Loire qu’il vouloit avoir sa place d’armes. Quoiqu’il en soit, dès qu’il eut pris Mets qu’il força, et qu’il saccagea la veille de Pâques, il cessa de ruser, et tira droit à Orleans. Mais avant que de parler du siége de cette ville, il faut rendre compte de ce que les Romains avoient fait, tandis qu’Attila traversoit la Germanie, qu’il passoit le Rhin, et qu’il saccageoit une partie des deux provinces Germaniques, et des deux Belgiques.

Aëtius étoit encore à la cour de Valentinien, où durant long-tems on avoit tantôt cru et tantôt traité de vision l’entreprise d’Attila, lorsqu’enfin on y fut pleinement convaincu qu’elle étoit sérieuse, et qu’elle étoit même sur le point de s’exécuter. On renvoya donc au plûtôt ce général dans les Gaules, pour s’opposer à l’invasion des Huns, mais on ne put lui donner que quelques troupes qui encore n’étoient pas complettes, des lettres adressées à ceux dont il pourroit avoir besoin, des pouvoirs pour traiter avec les ennemis, ou bien avec les alliés, en un mot, tout ce qui s’appelleroit aujourd’hui des secours en papier. On lui remit entr’autres une lettre écrite par l’empereur à Theodoric, pour engager ce roi des Visigots à aider les Romains de toutes les forces de sa nation. Comme les Visigots étoient assez puissans pour faire tête seuls à l’ennemi, on croyoit avec raison qu’il ne seroit point aussi facile de leur faire épouser la cause com-