Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/432

Cette page n’a pas encore été corrigée

Etats ceux de Bléda, son frere, qu’il avoit tué, assemble une armée nombreuse composée des Peuples ses voisins, en déclarant qu’il n’en vouloit qu’aux Visigots, contre lesquels il prenoit les interêts de l’Empire Romain. »

Comme Valentinien n’eut point dans le tems, une copie de la lettre qu’Attila écrivoit à Theodoric, ni Theodoric une copie de celle qu’Attila écrivit à Valentinien, l’empereur et le roi des Visigots purent croire chacun de son côté, que le roi des Huns ne lui en vouloit pas, et qu’il convenoit de s’informer plus particulierement de ses intentions, afin de voir s’il n’étoit pas possible de faire quelqu’usage de l’armée qu’il mettoit sur pied. A en juger par la suite de l’histoire, Valentinien et Theodoric se laisserent abuser long-tems, puisqu’Attila, comme nous allons le voir, étoit en-deçà du Rhin, avant que les deux autres puissances se fussent conciliées, et qu’ils eussent fait les dispositions nécessaires, pour s’opposer avec succès à son invasion. Aëtius lui-même s’étoit-il ébloui au point de croire que la paix faite avec les Francs et les Armoriques, mettoit les provinces obéissantes des Gaules en état de ne rien craindre, ou bien ce capitaine ne fut-il pas écouté à la cour de son prince, lorsqu’il y aura representé la convenance qu’il y avoit à prendre de bonne heure toutes les mesures possibles contre un ennemi aussi actif et aussi rusé que le roi des Huns ? Nous l’ignorons ; mais nous trouvons encore dans le peu de mémoires qui nous restent de ce tems-là, un évenement auquel on peut imputer en partie l’inaction de Valentinien. Il perdit à la fin du mois de novembre de l’année quatre cens cinquante Placidie qui étoit à la fois sa mere et son premier ministre.

La mort de cette princesse dut déranger les affaires autant et encore plus que l’auroit fait la mort même de l’empereur. Tous ceux qui remplissoient alors les secondes places, aspirerent sans doute à la premiere. Chacun d’eux tâcha de devenir le supérieur de ceux qui avoient été ses égaux, tant que Placidie avoit vêcu. Chacun d’eux aura voulu tourner à son profit une partie des revenus de l’empire, à peine suffisans pour bien soutenir la guerre qu’on alloit essuyer. Ainsi durant un tems la cour aura été plus occupée de leurs interêts que des interêts de l’empire, et l’on aura peut-être répondu à ceux qui répresentoient qu’il falloit avant tout pourvoir aux besoins des Gaules, et conférer une espece de dictature à Aëtius, le seul qui fût capable de les défendre : qu’un prince aussi artificieux qu’At-