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dis qu’il assuroit ces derniers qu’il n’en vouloit qu’aux Romains. C’étoit le meilleur moyen de semer parmi ses ennemis une mésintelligence capable de retarder du moins, l’union de leurs forces, et ce retardement devoit lui faciliter son entreprise. En effet ce moyen lui réussit. Voici ce qu’on trouve à ce sujet dans Jornandès.

» Attila résolu d’entreprendre l’expédition à laquelle il avoit été déterminé par les subsides que Genséric lui avoit fournis, songea d’abord à mettre aux mains les Romains & les Visigots qui devoient le défaire, s’ils se réunissoient pour le combattre. Dans ce dessein, il envoya des Ambassadeurs à l’Empereur Valentinien, qui lui rendirent une lettre, dans laquelle le Roi des Huns assuroit qu’il n’avoit point intention de rien entreprendre contre la République, avec laquelle il se tiendroit heureux de pouvoir vivre en bonne intelligence : Que son unique projet étoit de tirer raison du Roi des Visigots, & qu’il souhaitoit de tout son cœur que l’Empire n’entrât point dans cette querelle. Toutes les protestations les plus fortes d’attachement inviolable, en un mot, toutes les expressions les plus propres à persuader que celui qui écrivoit la lettre, s’expliquoit de bonne foi, y étoient employées. Dans le même tems, Attila écrivit à Theodoric une autre lettre aussi sincere que la premiere, & dans laquelle il l’exhortoit de renoncer à l’alliance des Romains, en le faisant ressouvenir de la mauvaise foi avec laquelle ils en avoient usé avec lui dix ans auparavant. Cet homme rusé attaquoit ses ennemis par des artifices, avant que de les attaquer les armes à la main. » On voit bien que c’est de l’expédition de Litorius Celsus contre les Visigots qu’Attila entend parler dans la lettre dont Jornandès rapporte le contenu. Prosper nous donne la même idée que l’historien des Gots, de la conduite que tenoit le roi des Huns. » Attila après s’être rendu très-puissant, en joignant à ses