Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/430

Cette page n’a pas encore été corrigée

Philippe de Valois, l’un et l’autre partis, firent leurs plus grands efforts, pour s’en rendre maîtres ou pour la conserver, et les Huguenots en firent encore leur place d’armes en mil cinq cens soixante et deux qu’ils leverent l’étendart de la révolte pour la premiere fois. Lors de la seconde prise des armes, un de leurs premiers soins fut encore celui de s’emparer d’Orleans.

Environ deux siécles avant qu’Attila vînt dans les Gaules, l’importance dont étoit la ville capitale de la cité qui s’appelle aujourd’hui l’Orleannois, engagea l’empereur Aurelien, qui lui donna le nom d’Aurelia, à la rebâtir, ou du moins à l’envelopper d’une nouvelle enceinte de murailles[1]. Mais attendu l’état où les Gaules étoient en quatre cens cinquante, l’occupation d’Orleans devoit être un évenement décisif. En effet, celui qui en seroit maître, se trouveroit posté entre les Visigots et les Francs, comme entre les Romains et les Armoriques, et conséquemment à portée d’empêcher la jonction de leurs forces, soit en leur donnant à tous de la jalousie en même-tems, soit en attaquant durant la marche les corps de troupes, qui se seroient mis en mouvement, pour se rendre au lieu où tous ces peuples seroient convenus de s’assembler. D’ailleurs plusieurs des voyes militaires, ou de ces chemins ferrés, dont les romains avoient construit un si grand nombre dans les Gaules, passoient par Orleans, et ces chaussées étoient presque la seule route par laquelle une armée qui traînoit avec elle beaucoup d’attirail, et de machines de guerre d’un transport difficile, pût marcher diligemment.

Comme nous avons déja dit qu’Attila avoit à son service des Romains des Gaules, on ne demandera point de qui ce prince avoit tiré une notion si juste de la topographie du païs. D’ailleurs, il y avoit depuis plus de dix ans un corps d’Alains, sujets d’Attila, en quartier sur la Loire, et il étoit impossible que plusieurs de ces Alains ne fussent pas retournés dans leur patrie, soit pour y faire des recruës, soit par d’autres motifs.

Dans le tems même qu’Attila prenoit des mesures, pour s’assurer d’un lieu d’où il pût empêcher à force ouverte les nations qui occupoient les Gaules, de réunir leurs forces contre lui, il tâchoit encore de les rendre suspectes les unes aux autres, pour leur ôter même le dessein de se joindre en corps d’armée, et de l’attaquer toutes ensemble. Il tâchoit donc de persuader aux Romains qu’il étoit leur ami, et qu’il n’en vouloit qu’aux Visigots, tan-

  1. Vid. Val. Not. G. p. 228.