Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/427

Cette page n’a pas encore été corrigée

sçavons même positivement qu’il y eut un accord fait entre ces Francs et les Romains, et entre les Romains et les Armoriques vers l’année 450 que parce qu’après avoir vû les Francs et les Armoriques en guerre ouverte avec l’empereur, en quatre cens quarante-six, nous voyons les uns et les autres servir comme troupes auxiliaires dans l’armée qu’Aëtius mena contre Attila en quatre cens cinquante et un. Tous les monumens litteraires du cinquiéme siécle qui nous restent, ne nous apprennent rien de ce qui se passa dans les Gaules depuis l’année quatre cens quarante-sept, jusqu’à l’année quatre cens cinquante et un. Les fastes de Prosper qui sont le plus instructif de tous ces monumens, ne rapportent même sur l’année quatre cens quarante-cinq, et sur les trois années suivantes que le nom des consuls de chaque année. Ces fastes ne parlent que de l’héresie d’Eutyche sur l’année quatre cens quarante-neuf, et des affaires d’Orient sur l’année quatre cens cinquante. D’où vient ce silence ? Prosper n’a-t-il rien écrit sur ces années qui doivent avoir été fertiles en grands évenemens ? Les Francs ou les Romains des Gaules qui ont fait dans les siécles suivans les copies de ces fastes qui sont venues jusqu’à nous, y auroient-ils supprimé quelque chose par des motifs que nous ne sçaurions deviner aujourd’hui.

Pour revenir aux conditions de nos traités, autant qu’on peut deviner, en raisonnant sur les convenances et sur l’histoire des tems postérieurs à l’invasion d’Attila ; les Romains auront permis aux Francs Saliens et aux Francs Ripuaires de tenir paisiblement, et sans dépendre de l’empire en qualité de sujets, ce qu’ils avoient occupé dans les Gaules, moyennant qu’ils cessassent tous actes d’hostilité, et qu’ils s’engageassent à fournir des troupes auxiliaires toutes les fois qu’on auroit une juste occasion de leur en demander. Quant aux Armoriques, Aëtius leur aura accordé une suspension d’armes durable, jusqu’à ce qu’on fût convenu avec eux d’un accommodement définitif, et il aura promis au nom de l’empereur que durant cet armistice les officiers du prince n’entreprendroient point de réduire, ni par menées, ni par force les provinces confédérées, à condition qu’elles reconnoîtroient toujours l’empire pour souverain, et qu’elles seroient gouvernées en son nom par les officiers civils et militaires qu’elles choisiroient, et qu’elles installeroient elles-mêmes, qu’elles payeroient chaque année une certaine somme à titre de redevance, et que du reste elles se conduiroient en tout, suivant l’expression consacrée, en bons et loyaux servi-