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jets d’Attila, et qu’ils fissent de ces nouvelles le sujet ordinaire de leurs entretiens.

Dès qu’Aëtius et les autres officiers de l’empereur auront vû que le nuage se formoit, ou du moins qu’il étoit formé, ils n’auront point attendu qu’il se fût approché du Rhin, pour traiter avec les Francs, tant Ripuaires que Saliens, et même avec les Armoriques. Ces officiers auront eu encore plus d’empressement pour se reconcilier avec des ennemis qui auroient été si dangereux durant l’orage qu’on alloit essuyer, qu’à demander du secours aux Bourguignons et aux Visigots comme aux alliés de l’empire. Je crois donc que ce fut vers quatre cens cinquante, que les officiers du prince signerent la paix, et même qu’ils contracterent une alliance du moins défensive, avec les Armoriques, ainsi qu’avec tous les rois Francs qui s’étoient faits dans les Gaules des Etats indépendans. Je crois même que la négociation de cette paix ne fut pas bien longue, quoique l’accord entre l’empereur et les Armoriques fût au fond si difficile à moyenner, à cause des interêts et des prétentions, auxquelles il étoit nécessaire de renoncer pour y parvenir, qu’il n’auroit pas été possible de le conclure, ou que du moins il ne l’auroit été qu’après des pourparlers continués durant des années entieres, en des tems où les conjonctures eussent été moins urgentes. Mais la crainte d’un péril éminent, qui est le plus persuasif de tous les mediateurs, sçait concilier en huit jours des puissances qui se croyent elles-mêmes bien éloignées de tout accommodement : elle sçait leur faire signer un traité de ligue offensive, dans le tems qu’elles paroissent encore éloignées de signer même un traité de paix. L’Europe vit dans le dernier siécle un exemple celebre de ces alliances inattendues, lorsque la campagne triomphante que le roi Louis XIV avoit faite en mil six cens soixante et sept dans les Païs-Bas espagnols, engagea l’Angleterre, la Suede et la Hollande reconciliées seulement depuis quelques mois par la paix de Bréda, à conclure la ligue si connue sous le nom de la Triple alliance. Elle fut signée en moins de jours qu’il n’auroit fallu de mois, pour convenir sur une seule des conditions que ce traité renferme, si la crainte du pouvoir exhorbitant de la France n’eût pas rempli, pour ainsi dire, toutes les fonctions d’un médiateur, que dis-je, d’un arbitre décisif et respecté.

Quelles furent les conditions des traités qu’Aëtius fit alors avec les tribus des Francs établies dans les Gaules, et de la pacification accordée aux Armoriques ? Nous les ignorons. Nous ne