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Seigneur l’appelleroit à lui, avant que les Huns eussent passé le Rhin. En effet, le saint étant revenu dans son diocèse de Tongres, il y mourut après avoir pris congé de tous ses amis, et cela dans le tems qu’Attila étoit encore au-delà de ce fleuve. Les prieres du saint personnage Aravatius, son pelerinage à Rome et sa mort, évenemens arrivés tous entre le tems, où l’on apprit dans les Gaules qu’Attila y feroit bien-tôt une invasion, et cette invasion même, montrent que ce tems-là fut assez long, et nous autorise à supposer qu’on s’y préparoit dès quatre cens quarante-neuf à repousser ce prince, quoiqu’il n’y ait mis le pied, qu’à la fin de l’hiver de quatre cens cinquante et un. M De Tillemont dit[1] en parlant de l’invasion d’Attila dans l’empire. » On commençoit apparemment en quatre cens quarante-neuf à entendre le bruit de cette tempête, puisque Saint Leon s’excuse[2] de se trouver au Concile d’Ephése, sur l’état flottant & incertain où l’on se trouvoit alors. »

On lit dans Idace immédiatement après la mention qu’il fait de la mort de Placidie, décedée au mois de novembre de l’année quatre cens cinquante, qu’au mois d’avril précedent, on avoit vû la partie boréale du ciel s’enflammer après le coucher du soleil, et devenir de couleur de sang ; que d’espace en espace on remarquoit des rayons brillants, et que ce phénomene qui fut le présage de si grands évenemens, dura plusieurs heures. C’est le phénomene si connu aujourd’hui sous le nom d’aurore boréale. Isidore parle aussi des prodiges qui annoncerent aux peuples selon lui, la venue d’Attila, long-tems avant son invasion. Il y eut, dit Isidore, de frequens tremblemens de terre. La lune levante fut éclipsée, et on vit une comete terrible du côté de l’occident. Du côté du pole, le ciel parut de couleur de sang, et l’on y remarqua d’espace en espace des lances d’un feu brillant. Tous ces prodiges qui n’étoient point arrivés en un jour, devoient être cause que les peuples parlassent très-souvent, des avis certains qu’on recevoit dans les Gaules concernant les pro-

  1. Tom. 6. pag. 146.
  2. Leo. Epi. 27.