Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/423

Cette page n’a pas encore été corrigée

et les côtes de l’Italie et de la Gréce dans des alarmes continuelles. Genséric cependant ne pouvoit plus compter alors sur aucun allié qu’il pût opposer à ses ennemis ; il venoit de se broüiller avec Theodoric, dont il auroit pû sans cela esperer du secours, et le sujet de leur broüillerie étoit si grave, qu’il devoit craindre que le roi des Visigots n’aidât même à le dépoüiller. Le roi des Vandales avoit fait épouser à son fils Hunneric la fille du roi des Visigots. Quelque-tems après le mariage, Genséric crut ou sans fondement, ou bien avec fondement, que cette princesse avoit voulu l’empoisonner, afin de faire regner plûtôt son mari ; et dans cette persuasion, il lui fit couper le nez, et il la renvoya mutilée ainsi à son pere, qui témoigna un ressentiment proportionné à l’outrage. Genséric crut alors que le meilleur moyen qu’il eût d’éloigner l’orage, c’étoit d’engager Attila connu pour un prince inquiet, et qui méditoit sans cesse quelqu’entreprise extraordinaire, à tourner ses armes contre les Gaules, où les Visigots avoient leur établissement, et de lui envoyer en même-tems l’argent nécessaire pour l’exécution d’un projet si vaste. Le roi des Huns acheva donc de se résoudre à venir incessamment dans les Gaules avec l’armée la plus nombreuse qu’il lui soit possible de ramasser.

Comme l’armée à la tête de laquelle Attila y entra au commencement de l’année quatre cens cinquante et un, devoit être composée de nations, dont quelques-unes étoient indépendantes de ce prince, et très-éloignées de ses Etats, ainsi que nous le verrons, en faisant le dénombrement de ses troupes, on conçoit bien qu’il lui aura fallu faire plusieurs négociations, avant que de pouvoir s’en assurer. Or il est impossible que tous ceux que le roi des Huns aura pour lors invités à joindre leurs armes aux siennes, ayent accepté ses propositions. Ceux qui les auront refusées, en auront fait part aux Romains, et quelques-uns même de ceux qui les auront agréées, auront été indiscrets, de maniere que les Romains peuvent en avoir été bientôt informés par la confidence de leurs amis, et par l’indiscretion de leurs enne-