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chronique de Prosper marque le commencement du regne de Merovée, ce prince parvint à la couronne vers l’année quatre cens quarante-six, et ce doit être vers l’année quatre cens cinquante, et peu de tems avant l’irruption d’Attila, que Priscus vit à Rome le jeune prince Franc dont il fait mention.

Mais en examinant à fonds ce point d’histoire, il paroît évident que le jeune prince dont Priscus parle, ne peut avoir été notre roi Merovée ; Childeric a dû commencer son regne vers quatre cens cinquante-sept, puisque suivant les Gestes des Francs, il avoit déja regné vingt-quatre ans, quand il mourut, en l’année quatre cens quatre-vingt-un. Or Childeric fut chassé par ses sujets parce qu’il séduisoit leurs filles et leurs femmes, et il fut chassé au plus tard en l’année quatre cens cinquante-neuf, comme j’espere de le prouver quand je parlerai de son rétablissement. Il falloit donc que cette année-là Childeric eût au moins dix-huit ans, et par conséquent qu’il fût né en quatre cens quarante et un. Donc Childeric ne sçauroit avoir été le fils du prince Franc, lequel en quatre cens cinquante n’avoit point encore de poil au menton ; d’où il s’ensuit manifestement que le prince que Priscus vit à Rome vers l’année quatre cens cinquante, ne sçauroit avoir été Merovée. Quel étoit donc ce jeune prince ? Le fils du roi d’une des tribus des Francs, et comme nous l’allons voir, il étoit selon les apparences, le fils du roi d’une tribu de cette nation qui habitoit auprès du Nécre. C’étoit le fils d’un roi de quelqu’essain des Francs appellés Mattiaci qui s’étoit établi sur cette riviere après avoir passé le Mein. D’ailleurs, et cette observation me paroît d’un grand poids, c’étoit dans la cité de Tournai, dans celle de Cambrai et dans les contrées adjacentes que regnoit Merovée et non pas sur les bords du Nécre. Or c’étoit près de l’embouchure du Nécre dans le Rhin, qu’Attila vouloit passer et qu’il passa ce fleuve. C’étoit près de-là qu’il devoit entrer dans le païs tenu par les Francs.

Attila étoit encore animé à poursuivre l’exécution de son projet par les sollicitations de Genséric, roi des Vandales d’Afrique. Ce dernier prince ne pouvoit pas se cacher que la cour de Ravenne et celle de Constantinople ne songeassent perpetuellement à trouver le moyen de le chasser d’un établissement d’où il tenoit toute la Méditerranée en sujettion,