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comme on le verra par la suite, étoit de passer le Rhin auprès de l’embouchure du Nécre. Or supposé que la tribu des Francs qui habitoit sur les bords de cette riviere, fut toujours demeurée fidelle aux engagemens qu’elle avoit avec les Romains, supposé qu’elle fût encore disposée à leur rendre en bon allié le même service qu’elle avoit tâché de leur rendre en quatre cens six : heureusement pour le roi des Huns, elle étoit actuellement hors d’état de s’opposer avec succès à leur passage. Voici ce qu’on trouve sur ce sujet-là dans Priscus Rhetor.

Notre auteur, après avoir dit que le roi des Huns acheva de se déterminer après la mort de Theodose le jeune arrivée en quatre cens cinquante, à porter la guerre dans l’empire d’Occident, quoiqu’il sçût bien qu’il y auroit affaire à de braves nations, ajoute : » Ce qui l’enhardissoir à entrer hostilement dans le pais des Francs, étoit la mort d’un de leurs Rois, dont les enfans se disputoient la Couronne. L’Aîné avoit eu recours au Roi des Huns, & le Cadet au Patrice Aëtius. J’ai vû ce Puîné à Rome où il étoit pour ses affaires, & je me souviens bien qu’il n’avoit point encore de poil au menton, mais qu’il portoit des cheveux blonds d’une si grande longueur, qu’ils lui flotoient sur les épaules. Aëtius l’adopta, & après que l’Empereur & lui ils l’eurent comblé de présens, ils le firent encore déclarer l’ami & l’allié du peuple Romain, avant que de le renvoyer dans son pais. »

Quelques-uns de nos écrivains ont prétendu que le jeune prince Franc que Priscus avoit vû à Rome dans le tems dont il parle implorer le secours de l’empereur contre Attila, devoit être notre roi Merovée le successeur et même suivant les apparences, le fils de Clodion, et très-certainement le pere de Childéric. Il est vrai que les tems s’accordent en quelque chose. Autant que nous en pouvons juger par l’endroit où la