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encore de leur inauguration, une cérémonie religieuse. L’installation des empereurs consistoit uniquement dans l’exercice de la premiere de leurs fonctions, qui étoit celle de recevoir le serment de fidelité que leur prêtoient les troupes, et le serment que leur prêtoit ensuite le sénat, comme representant le reste du peuple Romain.

Nous avons vû dans le commencement de cet ouvrage que les Huns avoient soumis les Alains et les autres nations Scythiques qui habitoient sur les rives du Danube, et sur le rivage du Pont-Euxin. Attila étoit le seul monarque de tous ces peuples.

Ce prince, comme nous l’avons dit, étoit successeur de Rugila qui avoit rendu de si grands services à Aëtius. Rugila avoit laissé, par sa mort, ses états à deux freres, Bléda et Attila. Le dernier ou plus cruel ou plus rusé que Bléda, s’étoit défait de lui dès l’année quatre cens quarante-quatre, et depuis ce tems-là, il regnoit seul. Cette horrible action pouvoit bien avoir allumé une haine personnelle entre lui et Aëtius, l’ami de Rugila.

Attila avoit autant d’audace et de courage qu’en ait eu aucun autre prince barbare, et il avoit d’un autre côté autant de conduite et de capacité qu’en ait eu aucun capitaine Romain. Ce qu’on pouvoit sçavoir alors de l’art militaire, il l’avoit appris en servant dans les armées de l’empire. Il avoit même auprès de lui des Romains dont il pouvoit tirer des lumieres, lorsqu’il s’agissoit d’affaires sur lesquelles il ne pouvoit point prendre un bon parti, sans être auparavant informé de plusieurs détails concernant la situation des lieux, où il faudroit agir. Priscus Rhétor qui fut employé à négocier avec lui, nous apprend que ce prince avoit eu long-tems un secretaire nommé Constantius né dans les Gaules, et qui avoit été remplacé par Constantinus un autre Romain. On peut voir dans les fragmens de l’historien que je viens de citer, et qui nous sont demeurés, plusieurs autres particularités curieuses touchant la cour et la personne d’Attila. Nous nous contenterons donc de dire ici, pour achever de donner une idée du caractere de ce roi, qui merita d’être distingué par le surnom terrible du Fleau de Dieu , dans un tems où le ciel employoit tant d’autres provinces comme des instrumens de sa vengeance, qu’il n’y eût jamais de Grec plus artificieux ni d’Afri-