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LIVRE 2 CHAPITRE 15

CHAPITRE XV.

Mort de Theodose le jeune, Empereur des Romains d’Orient. Qui étoit Attila, et quel étoit son dessein ? Sur le bruit de sa venuë dans les Gaules, les Romains concluent la paix avec les Francs & font un Traité de Pacification avec les Armoriques.


Avant que de parler de l’invasion d’Attila, je crois devoir dire un mot de ce qui se passoit en Orient, lorsque le roi des Huns se disposoit à entrer dans les Gaules. Theodose le jeune qui regnoit à Constantinople, tandis que son cousin Valentinien, auquel il avoit cedé l’administration de l’empire d’Occident, regnoit à Rome, mourut l’année quatre cens cinquante. Comme il ne laissoit point de fils, sa sœur Pulchérie qui regnoit veritablement en Orient, ainsi que Placidie regnoit en Occident, crut que si le sexe dont elle étoit, lui interdisoit l’espérance de monter sur le thrône, il ne devoit pas l’empêcher du moins d’y placer le mari qu’elle daigneroit prendre. Son choix tomba sur Martian, qui étoit déja l’un des premiers officiers de l’empire d’Orient, et qui cependant ne devoit son avancement qu’à son merite. Pulchérie le fit donc proclamer empereur, et dès qu’il fut assis sur le thrône, elle l’épousa. Martian étoit véritablement digne de porter le diadême, mais il n’étoit pas un fils qui succedoit à son pere ; et comme le siége de l’empire d’Orient se trouvoit placé dans un païs naturellement rempli de gens inquiets et factieux, Attila ne devoit pas craindre que Martian fût de long-tems en état de donner de puissans secours à l’empire d’Occident. Le nouvel empereur devoit avoir besoin long-tems de toutes ses forces, pour maintenir la tranquillité et la paix dans ses propres Etats.

Nous rapporterons ici une remarque qu’ont faite les sçavans à l’occasion de l’exaltation de Martian, parce qu’elle peut être de quelqu’usage dans l’histoire de nos rois. Les sçavans ont donc observé[1], que Martian est le premier des empereurs romains qui a été couronné par les mains des pontifes de l’Eglise chrétienne. Quoique depuis long-tems ses prédecesseurs fissent profession du christianisme, néanmoins ils n’avoient point fait

  1. Valesius Rerum Franc. lib. 3. p. 139.