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tieres de ces fieres colonies, mais qu’il falloit ménager, payoient mal les subsides.

Il est vrai, comme on l’a vû, par ce que nous avons dit, et comme on le verra encore mieux par la suite de l’histoire, et principalement par ce qui se passa sous le regne de Clovis, qu’Aëtius avant l’invasion qu’Attila fit en quatre cens cinquante et un dans les Gaules, avoit soumis Orleans, Tours et Angers, et ce que la topographie du païs rend encore très-vrai-semblable, qu’il avoit réduit sous l’obéissance du prince, toute l’étendue de terrain qui est entre le Loir et la Loire, où suivant l’usage des Romains, il avoit fortifié plusieurs postes, et laissé des garnisons. Mais on verra aussi que la plus grande partie de la troisiéme Lyonnoise, et principalement celle que nous appellons aujourd’hui la Bretagne, étoit toujours rébelle, et perseveroit dans la confédération Armorique ; Nantes étoit encore de cette confédération sous le regne de Clovis. Si Aëtius avoit réduit Orleans et plusieurs autres cantons de la province Senonoise, il s’en falloit beaucoup qu’il ne l’eût subjuguée entierement. Paris continuoit toujours dans la révolte[1], et le Château des Bagaudes assis où nous voyons aujourd’hui le château de Saint Maur Des Fossés, ne portoit apparemment par excellence le nom de la forteresse des Bagaudes qui en avoient tant d’autres, que parce qu’il étoit de ce côté-là la clef du païs des Armoriques. Un passage de Procope[2] et un passage de la vie de sainte Geneviéve que nous rapporterons dans la suite, prouveront même, que peu d’années avant le batême de Clovis, Paris étoit encore de la confédération Armorique. Enfin toute la seconde Lyonnoise, c’est-à-dire, les sept cités qui forment aujourd’hui la province de Normandie, étoient du parti des confédérés. Eric, l’auteur de la vie de saint Germain l’Auxerrois en vers hexametres, et qui vivoit dans le neuviéme siécle, tems où la tradition conservoit encore quelque mémoire de l’état où les Gaules étoient, lorsque les Francs y établirent leur monarchie, dit : » Que le Peuple Armorique pour qui Saint Germain négocia une suspension d’armes avec Eocarix, Roi des Alains, étoit connu depuis long-tems sous ce nom-là, & qu’il étoit renfermé entre deux rivieres, c’est-à-dire, entre la Loire & la Seine. » Le poëte donne la même idée que nous de l’étendue qu’avoit le païs

  1. Glossar. Cangii.
  2. De Bell. Goth. lib. I. Vita S. Gen. c. 34 & pag. 24. Ed. ann. 1697.