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Nos Bretons auront obéï aux officiers qui commandoient dans les Gaules au nom de l’empire, comme ils obéïssoient dans la Grande Bretagne aux officiers qui commandoient au même nom dans cette isle-là. Ceux de ces Bretons qui auront pris leur azile dans les païs soumis à la confédération Armorique, y auront vêcu sous l’obéïssance des magistrats et des officiers établis dans chaque cité. Je reviens à mon sujet principal.

Suivant les apparences, la guerre qu’Aëtius soutenoit dans les Gaules contre les Francs, et contre les Armoriques, aura duré deux ou trois ans, sans qu’il ait pû faire de grands progrès ni sur les uns ni sur les autres. Les Francs auront gardé la meilleure partie de ce qu’ils avoient envahi sur le territoire de l’empire, et les Armoriques en auront été quittes pour perdre quelques villes prises par force, ou quelque canton dont Aëtius aura regagné les habitans. En effet, les secours qui pouvoient lui venir de l’Italie, que les Vandales d’Afrique tenoient en de continuelles allarmes, et dont il lui falloit encore envoyer une partie en Espagne, ne le mettoient point en état ni de chasser les Francs, ni de réduire les provinces confédérées. Que pouvoient fournir les peuples des provinces obéissantes de la Gaule, épuisés et mal-intentionnés qu’ils étoient ? D’ailleurs celles des provinces obéissantes qui étoient encore libres, c’est-à-dire ici, celles qui n’étoient dans aucune dépendance des barbares, parce qu’elles n’avoient point d’hôtes, se trouvoient ne faire plus qu’une étendue de païs assez médiocre vers l’année quatre cens quarante-huit. Les Francs occupoient une partie des deux Belgiques et de la seconde Germanique. D’un autre côté, les Visigots jouissoient de la premiere Narbonnoise, de la Novempopulanie, et de la seconde Aquitaine presqu’en entier, et les Bourguignons tenoient une partie de la premiere Germanique, et de la province Sequanoise.

On croira bien que quelles que fussent les conditions ausquelles les empereurs avoient accordé aux barbares des quartiers dans les provinces qui viennent d’être nommées, ces princes néanmoins n’en tiroient plus guéres de revenu, et que les deniers qui s’y pouvoient lever encore en leur nom, étoient absorbés soit par les dépenses ordinaires d’un Etat, soit par les prétentions que nos hôtes avoient contre l’empire, et qui étoient toujours justes, parce que ces créanciers étoient les maîtres dans le païs. On croira encore sans peine que les cités qui n’étoient que fron-