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que vous avez fournis à propos, que l’entreprise d’Attila, cet ennemi venu d’au-delà du Rhin, a échoué, que Thorismond, Roi des Visigots qui vouloit s’établir en qualité d’Hôte dans les païs situés sur le bord du Rhône, est rentré dans ses quartiers, & qu’Aëtius est venu à bout de délivrer la Loire. » Or nous allons voir que cette délivrance de la Loire ne peut s’entendre que de la réduction de la Touraine, ainsi que des païs adjacens, sous l’obéissance de l’empereur, et que cette réduction doit s’être faite avant l’année quatre cens quarante-cinq.

J’observerai donc en premier lieu que les Armoriques ont été les seuls dont on ait pû dire du vivant d’Aëtius, qu’ils eussent mis la Loire aux fers ; ce ne fut qu’après la mort de ce capitaine que les Visigots se mirent en possession des païs qu’ils ont tenus sur la rive gauche de ce fleuve, et qu’ils ont gardés jusques en l’année cinq cens sept que Clovis les en chassa. Apollinaris n’a pas pu d’un autre côté écrire qu’Attila qui ne resta que peu de jours sur les rives de la Loire, l’eût enchaînée. Au contraire, suivant le langage des sujets fideles, et Sidonius étoit du nombre de ceux que l’empire avoit conservés dans les Gaules, c’est affranchir un païs tenu par des rebelles, que de le remettre sous l’obéissance de son prince légitime.

En second lieu, j’observerai que la réduction de Tours par Aëtius, dont Sidonius ne dit point le tems, doit avoir été faite avant la fin de l’année quatre cens quarante-cinq ; parce que ce fut vers l’année quatre cens quarante-six que les confederés Armoriques, tâcherent de reprendre cette ville-là. La preuve de cette date, c’est qu’il paroîtra par l’endroit du panégyrique de Majorien, que nous allons extraire, que l’entreprise des Armoriques pour reprendre Tours fut faite, et qu’elle échoüa peu de jours avant qu’Aëtius de retour dans les Gaules, battît Clodion auprès du vieil Hesdin ; ce qui arriva vers l’année quatre cens quarante-six, comme on l’a vû ; cette entreprise sur Tours aura donc été tentée durant l’absence d’Aëtius, causée, comme on l’a vû déja, par le voyage qu’il fit à Rome cette année-là même, pour y prendre possession de son troisiéme consulat.

Voici ce qui se lit dans le panegyrique de Majorien, concernant l’entreprise des Armoriques sur Tours, laquelle Majorien fit avorter. Sidonius, après y avoir exposé que Ma-