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malgré le gouvernement present, et avant qu’il y eût eu aucun accord conclu entre lui et la cour. Cette conjecture est fondée sur un passage de la chronique de Prosper.

Il est certain par les fastes de Prosper que ce fut en quatre cens quarante-quatre qu’Attila se défit de Bléda son frere, qui partageoit avec lui le royaume des Huns. Or la chronique de Prosper dit après avoir raconté ce meurtre, et trois ou quatre lignes avant que de rapporter la mort de Theodose Le Jeune arrivée en quatre cens cinquante : » Eudoxius, Médecin de profession, homme d’un méchant esprit, mais habile & versé dans le maniment des affaires, fut déféré comme coupable dans la Bagaudie, où il se fit de grands mouvemens dans ce tems-là, & il se réfugia parmi les Huns. »

Il n’y a pas d’apparence que Prosper eût fait mention de l’évasion de notre médecin, au sujet d’une accusation intentée contre lui, si cet incident n’eût point été lié à quelque évenement important, et tel qu’il interessoit l’Etat. D’ailleurs les circonstances de cette évasion qui sont dans le récit de Prosper ; sçavoir, que lorsqu’elle arriva, les Bagaudes remuerent de nouveau, et que l’accusé se réfugia chez les Huns, rendent encore plus vrai-semblable qu’Eudoxius avoit tramé quelque conspiration, pour faire rentrer précipitamment sous l’obéissance de l’empereur les Armoriques, à l’insçû de ceux qui étoient alors à la tête de leur république, et qui lui firent reprendre les armes à cette occasion. En effet, nous allons voir que les Armoriques firent une entreprise sur Tours en quatre cens quarante-six, et toutes les convenances font croire que les Huns, chez qui se réfugia Eudoxius, n’étoient pas les Huns qui habitoient dans la Pannonie sur les bords du Danube, mais les Huns à qui l’empereur avoit donné des quartiers auprès d’Orleans. L’asile que chercha Eudoxius, montre seul quel parti il servoit.