Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/405

Cette page n’a pas encore été corrigée

moins que les Romains s’y seroient moins occupés de l’augure qu’avoit eu le fondateur de leur ville, si l’empire eût été aussi florissant sous le regne d’Honorius, qu’il l’avoit été sous le regne de Trajan, et sous celui des Antonins. Mais dès le commencement du cinquiéme siécle, on voyoit les forces de l’Etat diminuer chaque jour. Ainsi la prudence humaine, en s’aidant des lumieres naturelles, faisoit sur ce qui arrivoit tous les jours, un pronostic des plus sinistres, et semblable par conséquent au présage que l’art de la divination par le vol des oiseaux, tiroit de l’augure qu’avoit eu Romulus. Dès la seconde année du cinquiéme siécle, et lorsqu’Alaric eût mis le pied en Italie pour la premiere fois, les Romains commencerent donc d’avoir une grande peur de cette espece d’oracle, et ils craignirent sérieusement la subversion de leur ville qu’il annonçoit. Tout le monde, dit Claudien, en parlant de la situation où les esprits se trouvoient en quatre cens deux, et lors de la premiere invasion du roi des Visigots, rappelloit les anciens présages qui menaçoient Rome d’essuyer dans les tems qui étoient prêts d’arriver, une destinée funeste. » Tout le monde faisoit son calcul concernant la durée de cette Ville, & en raisonnant sur quelques circonstances du vol des Vautours, & de l’Augure qu’avoient eu ses Fondateurs, on rapprochoit encore le terme fatal. »

Comme il y avoit eu des hommes qui avoient craint l’accomplissement de notre prédiction avant l’année quatre cens quarante-sept, et que le tems précis de son accomplissement fût venu, il y en eut encore qui le craignirent, après que le tems critique fut passé, et que l’année quatre cens quarante-sept fut écoulée. Sidonius Apollinaris fait dire à Jupiter qu’il introduit parlant au génie de Rome sur le meurtre d’Aëtius tué par l’empereur Valentinien en quatre cens cinquante-quatre, et sur les tristes évenemens dont fut suivi ce meurtre, qui auroit causé la ruine de l’empire, si enfin Avitus, le héros du poëte, ne fût pas monté au trône. » Quand les destins se préparoient pour accomplir l’Augure des douze Vautours, Rome, vous ne sçauriez ignorer vos propres desti-