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tres écrites par Clovis & par ses premiers successeurs, comme d’autres écrites à Clovis ou à ses successeurs, & plusieurs Edits publiés, ainsi que plusieurs donations faites par tous ces Princes. Enfin, les Sçavans modernes ont recueilli, & ils ont inseré dans leurs Livres un grand nombre de Testamens & d’autres Actes judiciaires, faits par des particuliers dans les deux siecles dont nous avons entrepris d’éclaircir l’Histoire.

Quant à la classe sçavante, nous avons le Traité sur la Providence écrit par Salvien, Prêtre de l’Eglise de Marseille, & composé entre l’année quatre cens quarante, & l’année quatre cens cinquante. Salvien en y déplorant les maux dont les Gaules étoient affligées, nous apprend beaucoup de choses très-curieuses, concernant l’état où elles étoient lorsqu’il avoit la plume à la main, & par conséquent dans le tems même que Clodion s’y cantonnoit. On trouve encore plusieurs particularités de l’Histoire de la seconde moitié du cinquiéme siecle, dans les Lettres en prose, & dans les Poësies de Caïus Sollius Apollinaris Sidonius, personnage d’une grande réputation, & mort Evêque d’Auvergne en quatre cens quatre-vingt-deux. On peut dire quelque chose de semblable des Œuvres d’Alcimus Ecdicius Avitus, Evêque de Vienne au commencement du sixiéme siecle, & de celles d’Ennodius, qui dans le même tems étoit Evêque de Pavie. Quoique Magnus Aurelius Senator Cassiodorus, né en quatre cens soixante & dix, ait toujours vêcu en Italie, où il fut employé dans les affaires les plus importantes par Théodoric Roi des Ostrogots, & par les successeurs de ce Prince, il ne laisse pas de nous apprendre dans ses dix Livres d’Epitres diverses, plusieurs faits très-curieux, touchant l’Histoire de notre Monarchie. On souhaiteroit même en lisant ces ouvrages, que la Nation des Francs eût encore eu plus d’affaires à démêler avec les Ostrogots qu’elle n’en a euës, afin que Cassiodore eût été obligé à parler d’elle plus souvent qu’elle n’en a parlé. Je dirai des Poësies de Fortunat Evêque de Poitiers, & dont j’ai déja parlé à l’occasion de sa vie de saint Hilaire, ce que je viens de dire de Sidonius Apollinaris ; c’est-à-dire, qu’elles nous instruisent de plusieurs détails qui concernent notre Histoire, & qu’on ne trouve point ailleurs. Voilà toute la comparaison que je prétends faire entre ces deux Poëtes ; car quoique l’Eglise chante encore des Hymnes de la composition de Fortunat, comme Vexilla Regis prodeunt, & Pange lingua gloriosi prælium, &c. on ne sçauroit mettre en paralelle pour l’invention & pour le style, les Poësies de l’Evêque de Poitiers