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triotes qui vivent dans les lieux où ces Barbares sont les maîtres, abandonner leurs domiciles pour se réfugier parmi nous ; nous voyons au contraire les Romains qui demeurent dans les Contrées où l’Empereur est encore le maître, quitter leurs pénates, pour chercher un asyle dans celles où regnent les Gots. Il faudroit même s’étonner que tous les contribuables des Ordres inférieurs ne prissent point ce dernier parti, s’il étoit entierement à leur choix de le prendre, & s’ils pouvoient, en se transplantant, emporter leurs meubles avec leurs chaumieres, & emmener avec eux le petit nombre d’Esclaves qu’ils ont encore. Ne pouvant faire ce qu’ils voudroient, ils font ce qu’ils peuvent, en se mettant sous la protection de personnes puissantes, ausquelles ils se rendent, pour ainsi dire, en qualité de Prisonniers de guerre. »

Salvien invective ensuite contre les supercheries que le riche, en qualité de protecteur du pauvre, faisoit au pauvre, pour lui ôter ce qui lui restoit. Il dit même que plusieurs de ces malheureux citoyens que les cantonnemens des barbares sur les terres de l’empire, où les poursuites des exacteurs des deniers publics, avoient obligés à prendre le parti de délaisser leurs biens, et d’abandonner leurs maisons, se trouvoient réduits dans les métairies de quelque personne puissante, où ils se réfugioient, à se dégrader par les services bas qu’ils lui rendoient. C’est sur quoi Salvien insiste beaucoup, parce que les empereurs eux-mêmes n’osoient gueres par égard pour la dignité de citoyen romain, employer aucun de ceux qui l’avoient, à leur rendre les services purement domestiques, ils chargeoient des esclaves ou des affranchis de ce soin-là. Achevons de voir ce qu’on trouve encore dans le livre de Salvien concernant les suites funestes de l’injustice du gouvernement des derniers empereurs. Salvien, après avoir dit que les citoyens infortunés ne trouvoient personne qui voulût, ou qui osât prendre leur défense, et les proteger contre les oppresseurs, ajoute : » Voilà ce qui