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qu’ils n’ont vaillant. A regarder ce qu’ils payent, on les croiroit dans l’opulence, mais à ne regarder que ce qu’ils possedent, ils sont dans l’indigence. Quelle iniquité de faire payer comme riche celui qui est pauvre ! Je n’ai pas encore dit ce qu’il y a de plus fort à dire. Il me reste à parler des impositions extraordinaires, ou des superindictions qui ne sont payées que par les foibles, & qui enrichissent les personnes en autorité ; mais comment les personnes qui sont en autorité, & qui ayant de grands revenus doivent payer par consequent un subside ordinaire proportionné à leurs biens, peuvent-elles accorder si facilement la levée de ces impositions extraordinaires qui doivent être assises, en augmentant au sol la livre le subside ordinaire : Elles consentent à ces sortes d’impositions, parce qu’elles sont bien assurées de n’en rien payer. Je vais dire comment ces affaires-là le traitent. Il arrive dans une Cité un Commissaire, un Officier extraordinaire dépêché par les Puissances supérieures qui recommandent les interêrs du Prince aux plus illustres de la Cité, afin qu’ils les fassent valoir au préjudice de ceux du pauvre Peuple. Dès que notre Commissaire a promis à ces Illustres de nouvelles graces de la Cour, la levée des superindictions est accordée. Le Senat de la Cité condamne volontiers les malheureux à payer, parce qu’il est indemnisé. Voulez-vous, die-il alors, qu’on n’ait aucun égard pour ceux qui nous sont envoyés par les Puissances supérieures ? Voulez-vous qu’on leur refuse tout ? Je consens que vous leur accordiez ce qu’ils viennent vous demander, pourvû que vous soyez les premiers à contribuer au payement de ce que vous accordez. » Salvien ajoute à ce qu’on vient de lire, une page entiere, où il dépeint vivement l’atrocité de cette injustice.

Notre Auteur employe le Chapitre suivant à parler d’autres injustices que les riches faisoient encore aux pauvres. » Vous