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ont été construites sous les successeurs de Clovis, et sous ceux de Charlemagne. Ainsi la prise de Tournay et celle de Cambray, les seules villes qui fussent alors dans la contrée que nous venons de désigner, en rendit Clodion le maître absolu.

Gregoire de Tours ne nous donne point la date de l’expédition de Clodion, quoique l’établissement de la monarchie françoise qui en avoit été la suite, eût rendu cette expédition très-mémorable. Le pere Petau[1] la place vers l’année quatre cens quarante-cinq. On verra dans la suite de ce chapitre sur quelles raisons il s’appuye pour fixer cette époque, au tems où il la fixe.

Aëtius qui étoit revenu dans les Gaules, tandis que S. Germain négocioit toujours à Ravenne l’accommodement des Armoriques, marcha contre les Francs, dès qu’il fut informé de ce qui venoit d’arriver au-delà de la Somme. Il fit la guerre à Clodion, et même il lui enleva auprès du vieil Hesdin un quartier qu’il surprit le jour qu’on y faisoit les réjoüissances d’une nôce. Mais Sidonius Apollinaris qui nous apprend cet évenement, ne dit point qu’Aëtius ait alors obligé les Francs à évacuer le païs qu’ils venoient d’occuper. A en juger par son récit même, les Romains ne tirerent point d’autre avantage de ce succès, que celui de faire quelques prisonniers de guerre. Si cette camisade eût été suivie d’un avantage plus réel, Sidonius en auroit fait mention ; car il n’obmet rien de ce qui pouvoit augmenter la gloire que Majorien y acquit, en combattant à côté d’Aëtius. Sidonius ne pouvoit pas même en user autrement. C’est dans le panegyrique de Majorien qui étoit parvenu à l’empire, environ dix ans après ce combat, que notre poëte parle de l’action de guerre dont il s’agit ici. Nous avons même l’obligation à l’envie que Sidonius avoit de bien loüer Majorien, du bel éloge que cet auteur fait de la bravoure des ennemis, à qui son héros avoit eu affaire. » Les Francs que vous avez battus, dit Sidonius, sont Soldats avant que d’être hommes. Si le lieu,

  1. Petav. Rat. Temp. lib. 6. p. 343.