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fut faite en l’année quatre cens quarante-sept. On a cité pour prouver ce sentiment, un passage de cette chronique où il est dit seulement : En quatre cens quarante-sept Ecchard roi des Alains dont il est parlé dans la vie de saint Germain, Le texte de la chronique n’ajoute rien à ces paroles. Qui sçait si ce qui manque pour en rendre le sens complet, n’est pas, mourut. L’obiit ou mortuus, est la restitution la plus plausible qu’on puisse faire, et il peut être suppléé avec d’autant plus de fondement, qu’il y a dans notre chronique une infinité d’articles, qui ne disent autre chose de ceux dont il y est parlé, si ce n’est qu’ils moururent. D’ailleurs Alberic n’a composé sa chronique que dans le treiziéme siécle, et ce n’est point dans des tems aussi éloignés des évenemens dont je fais mention que le treiziéme siécle l’est du cinquiéme, que j’ai coutume de prendre mes garants. Eocarix a pu survivre quatre ans à son expédition.

En réfléchissant sur ce que nous sçavons de l’histoire du milieu du cinquiéme siécle, je trouve que les Armoriques peuvent avoir eu vers l’année quatre cens quarante-cinq plusieurs motifs de rompre la négociation qui se faisoit à la cour de Valentinien, et dont la conclusion les auroit toujours obligés à recevoir dans leur païs les officiers du prince, et à se soumettre à leur autorité. Le premier étoit l’embarras que donnoient au patrice Aëtius les Francs, qui en ce tems-là faisoient une invasion dans le nord des Gaules où ils s’étoient emparés de Cambray et de Tournay. Le second, étoit l’état déplorable où se trouvoient réduits par la faute des officiers du prince, les peuples qui vivoient dans les provinces obéissantes dont plusieurs citoyens abandonnoient chaque jour leur patrie, pour venir chercher dans les Provinces-unies un asyle contre la misere. Le troisiéme motif aura été l’opinion fausse et ridicule, si l’on veut, mais presqu’universelle néanmoins, que le terme marqué par le ciel à la durée de l’empire de Rome étoit prêt d’expirer. Enfin le quatriéme motif aura été l’abus que les officiers du prince faisoient de l’armistice. Ils s’en prévaloient, pour former dans la république des provinces confédérées un parti, à l’aide duquel ils pûssent la subjuguer par la force. Traitons plus au long ces quatre points de l’histoire des Gaules.