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le passé, & des sûretés pour l’avenir, si ce Peuple leger & intraitable ne fût point retombé dans la révolte par une inconstance perfide. Cet évenement rendit inutile & l’entremise du Saint Evêque, & la facilité que l’Empereur apportoit dans cette négociation. Les Armoriques ne furent pas long-tems sans porter la peine dûë à leur supercherie & à leur témérité. »

Nous verrons dans la suite que cette seconde révolte des Armoriques, c’est-à-dire, le violement de la suspension d’armes que saint Germain leur avoit obtenue, a dû arriver entre l’année quatre cens quarante-trois et l’année quatre cens quarante-six. C’est tout ce que j’ai pû conjecturer concernant la date de ces évenemens, en m’aidant des lumieres tirées des évenemens postérieurs. Comme, lorsque les Armoriques reprirent les armes, saint Germain étoit encore à Ravenne, et même comme il y mourut, nous sçaurions quelque chose de plus précis sur la date, dont nous sommes en peine, si nous sçavions positivement la date de la mort de saint Germain. Cet évêque n’aura point voulu demeurer à Ravenne long-tems, après que sa médiation y aura été rendue inutile par le renouvellement de la guerre entre les Armoriques et les officiers de l’empereur. Ainsi dès que saint Germain est mort à Ravenne, il faut qu’il y soit mort peu de semaines après la rupture dont nous parlons. Mais Constantius se contente de nous dire que saint Germain entra dans la trente-uniéme année de son épiscopat, sans nous apprendre distinctement en quelle année commença ce sacerdoce, ni en quelle année il finit. La chronique d’Alberic dont nous allons parler, dit bien que saint Germain fut fait évêque d’Auxerre en quatre cens trente huit ; de maniere que ce prélat qui constamment a siégé trente et un ans, ne seroit mort qu’en quatre cens soixante et neuf. Mais cette date est insoutenable, et l’on doit regarder le passage d’Alberic, comme une des fautes dont sa chronique fourmille. Enfin je ne trouve point que les auteurs modernes qui ont voulu fixer avec précision la date de ces deux évenemens, ayent bien réussi à l’établir.

On a dit que je me trompois lorsque je conjecturois que l’expédition d’Eocarix contre les Armoriques avoit été faite en l’année quatre cens quarante-trois, puisqu’il est prouvé par la chronique d’Alberic, religieux du monastere des Trois-fontaines, qu’elle