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rien, nous avons autant de peine à bien entendre aujourd’hui son Abregé, que nos neveux en auroient à bien entendre des Abregés de l’Histoire générale des Pays-Bas que Grotius, le Cardinal Bentivoglio, le Connestagio & le Pere Strada ont mis à la tête de leurs Histoires particulieres des troubles survenus dans ces contrées pendant le seizième siecle, si ces neveux n’avoient plus les Annales & tes Descriptions des dix-sept Provinces que nous avons aujourd’hui, & qui étoient deja entre les mains de tout le monde, quand Grotius & les autres Ecrivains, que je viens de nommer, ont composé leurs Ouvrages. En effet, plusieurs de nos Historiens modernes, faute d’avoir pris la peine nécessaire pour bien entendre l’Abregé de Procope, ont. fait un mauvais usage de ce trésor.

Il est aussi fait mention des Francs dans plusieurs autres endroits de l’Histoire de la guerre Gothique, qui nous apprennent beaucoup de particularités curieuses concernant cette Nation. Agathias le Scolastique, contemporain de Procope, & qui a continué l’Histoire des guerres de l’Empereur Justinien, rapporte encore touchant les loix, les usages & les expéditions de nos Francs plusieurs choses remarquables. On peut dire néanmoins de ces Auteurs, ce que j’ai déja dit de quelques-uns de leurs contemporains ; c’est que les passages de leurs Ouvrages, où il est parlé des Francs, sont très propres à éclaircir l’Histoire de notre Monarchie, mais que seuls, ils ne la font point. Passons aux Historiens Latins.

Il y a peu de choses dans l’Histoire tripartite de Cassiodore, dont une personne qui travaille sur le commencement de nos Annales, puisse faire usage.

Nous avons deux Histoires écrites par Jornandès qui vivoit dans le sixiéme siecle. Suivant l’ordre des matieres, la premiere est l’Histoire des révolutions arrivées dans le cours des siecles ; & la seconde, une Histoire particuliere de la Nation Gothique. Un Ecrivain qui traite le sujet que nous traitons, ramasse peu de matériaux dans la premiere. Au contraire, l’Histoire des Gots lui fournit plusieurs faits importans, & qu’on ne lit point ailleurs. Cependant comme l’objet de Jornandès étoit d’écrire l’Histoire des Gots, & non pas celle des Francs, il ne rapporte que ceux des évenemens de l’Histoire de France, dans lesquels ses Gots ont eu part. On ne trouve donc point dans son Livre aucune relation suivie de l’établissement des Francs dans les Gaules. Il y a plus ; Jornandès ne datant presque jamais les faits qu’il rap-