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Germain de l’autre, arrêterent alors, pour servir de préliminaires au traité de pacification entre l’empereur et les Armoriques. Mais cet auteur qui comptoit sur ces livres, a mieux aimé écrire en panegyriste, qu’en historien, et il a évité les détails. Nous sommes ainsi réduits à conjecturer. Quant au tems, nous avons déja dit que les convenances veulent que cet évenement miraculeux soit arrivé en quatre cens quarante-trois ; et quelques circonstances de la nouvelle guerre entre les Romains fidelles à l’empereur, et les Armoriques, et qui seront rapportées dans la suite, fortifieront encore cette conjecture. Pour le lieu ; la situation du diocèse dont saint Germain étoit évêque, et la contrée où étoient les quartiers des Alains, peuvent faire penser que l’entrevûë de ce prélat et d’Eocarix se soit faite dans le diocèse de Chartres, bien plus étendu pour lors qu’il ne l’est à-présent. Pour ce qui est des articles préliminaires, à en juger par ce que nous avons vû, et par la suite de l’histoire, ils contenoient apparemment : que les Armoriques envoyeroient incessamment à la cour de Valentinien un homme chargé de leurs pouvoirs, pour conclure leur accommodement avec l’empereur, à condition que ce prince leur accorderoit une amnistie pour le passé, comme des sûretés pour l’avenir, et qu’il y auroit une suspension d’armes entre les deux partis, durable jusqu’à la conclusion du traité de pacification, auquel on alloit travailler.

Je crois devoir prévoir deux objections qu’on pourra me faire ici. La premiere seroit de dire que j’ai tort de faire Eocarix, roi des Alains, puisque les éditions que nous avons de la vie de saint Germain, l’appellent non pas roi des Alains, mais roi des Allemands. D’où vient, dira-t-on, changez-vous rex alamannorum en rex alanorum  ? Je répondrois en premier lieu, que ce n’étoit pas des Allemands mais des Alains établis dans les environs d’Orleans, et qui se trouvoient ainsi à portée de faire une invasion brusque et inattenduë dans le païs des Armoriques que ce barbare étoit roi. Ceux des Allemands qui étoient alors cantonnés dans les Gaules, avoient leur demeure auprès du lac-Léman. Ainsi je suis bien fondé à soutenir que Constantius avoit écrit Alanorum, et que ce sont les copistes qui de ce mot ont fait Alamannorum, en y ajoutant trois lettres. J’ai de bons garans de ce que j’avance.

Eric, un moine d’Auxerre qui vivoit sous le regne de Charles-Le-Chauve, c’est-à-dire, dans le neuviéme siécle, et qui a mis en