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des Alains & Prince trés-feroce, d’imposer le joug à ces Rébelles présomptueux. Le Barbare qui souhaitoit ardemment de piller les Contrées où l’on l’envoyoit porter la guerre, s’étoit chargé de la commission avec joie. C’étoit donc mettre en tête à un Roi Payen, & suivi d’une Armée aguerrie, un Vieillard seul & désarmé, mais la force que Jesus-Christ donnoit à Saint Germain, le devoit rendre victorieux. Notre Evêque se met en chemin incontinent, parce que les Alains étoient déja en marche, & après avoir passé au milieu des Cavaliers couverts de fer qu’il trouve sur la route, il parvient enfin jusqu’au Roi. Voilà le Saint personnage qui s’oppose seul au passage d’un Prince qui se hậtoit d’avancer, & que tant de milliers d’hommes armés accompagnoient. Saint Germain fit d’abord entendre à Eocarix par le moyen d’un Interprete, l’humble supplication qu’il venoit lui faire ; mais ce Barbare differant à donner une réponse favorable, le Serviteur de Dieu lui fait les representations les plus fortes, & même il saisit les rênes de la bride du cheval du Roi ; ce qui l’arrêra & fit faire halte à toute l’Armée. Enfin la Providence voulut que les diverses passions dont le cæur d’Eocarix étoit rempli, y fissent place à des sentimens d’admiration & de respect, pour le courage, pour la fermeté & pour l’air vénérable de Saint Germain. Tout ce grand appareil de guerre, tout ce mouvement de troupes aboutit donc à tenir paisiblement une conférence amiable, où l’on discuta les moyens de mettre en exécution, non pas le projet du Roi des Alains, mais celui de notre Prelat. En conséquence du résultat de cette conférence, Eocatrix remena ses troupes dans leurs quartiers, ou il promit qu’elles vivroient sans commettre aucune hostilité, à condition que les Armoriques feroient incessamment les démarches nécessaires pour obtenir de l’Empereur ou d’Aëtius, la ratification de la convention qu’il venoit de conclure avec eux. Voilà comment les grandes qualités & l’entremise de Saint Germain l’Auxerrois, arrêterent un Roi Barbare, firent rebrousser chemin à ses troupes, & empêcherent les Provinces du Commandement Armorique d’être ravagées. »

Si le prêtre Constantius avoit prévu la perte des livres qu’on avoit de son tems, et qu’on n’a plus aujourd’hui, il auroit été plus exact dans sa narration. Il nous auroit dit le tems et le lieu où l’évenement dont il parle étoit arrivé, et il nous auroit informé du contenu des articles qu’Eocarix d’un côté, et saint