Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/373

Cette page n’a pas encore été corrigée

des principaux ministres, et qu’il passât les Alpes, pour être l’entremetteur du raccommodement de ce particulier avec un patrice ? Prosper ne donne point à notre Albinus le titre d’aucune dignité, lui qui qualifie presque toujours ceux dont il fait mention. Il ne devoit donc point y avoir dans l’empire d’occident un citoïen, un sujet d’une si grande importance, à moins qu’il ne fût à la tête d’un parti très-puissant, et en possession de ne pas obéir aux ordres du prince. Cependant l’histoire ne nous dit pas quel étoit cet Albinus. Ainsi son nom qui est romain, et les conjonctures où l’on étoit alors, me portent à conjecturer qu’il étoit un des principaux personnages de la confédération Armorique. Cette conjecture est rendue encore plus vraisemblable, par la certitude où l’on est qu’il y avoit dans le païs des Armoriques une famille illustre qui portoit le nom d’Albina. C’est ce que l’on apprend par la vie de l’évêque d’Angers, saint Aubin, qui s’appelloit en latin Albinus. Cette vie est d’une grande autorité, puisqu’elle est écrite par Venantius Fortunatus, évêque de Poitiers dans le sixiéme siécle. Or il y est dit, que saint Aubin qui fut fait évêque d’Angers vers l’année cinq cens vingt-neuf, étoit né dans une des plus illustres et des meilleures familles de la cité de Vannes. Comme cette cité étoit alors de la confédération des Armoriques, ne peut-on pas croire que l’Albinus qui traitoit avec Aëtius en quatre cens quarante, par l’entremise du pape saint Leon, étoit un des ancêtres d’Albinus évêque d’Angers, et qu’il a été un personnage des plus importans dans la confédération maritime.

Les descentes que les Vandales d’Afrique firent dans le même tems en Sicile, auront obligé Aëtius à retourner en Italie, comme à donner ordre à ceux qu’il laissoit pour commander dans les Gaules, de n’y point rallumer la guerre. Ainsi ces officiers n’auront commis alors aucune hostilité contre les Armoriques. En effet, tous les Romains sentoient si bien que l’occupation de l’Afrique par les Vandales, portoit un coup funeste à la monarchie entiere, que l’empereur d’Orient envoya en quatre cens quarante et un une flote considérable dans cette province qui étoit du partage d’Occident, pour en expulser les barbares. Mais Theodose ayant été obligé de rappeller ses forces, avant qu’on eût encore rien exécuté contre les Vandales, le peu de succès