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arrivé une disgrace à peu près semblable à celle qui arriva au connétable Anne De Montmorenci à la bataille de Dreux. Ce général fut pris, mais cela n’empêcha point l’armée qu’il commandoit, de battre l’ennemi.

Il falloit bien enfin que l’armée Romaine n’eût point été entierement défaite, puisque Jornandés dit qu’elle ne rentra dans ses quartiers qu’après la conclusion de la paix. Ce que nous allons voir, porte même à croire que les Visigots abandonnerent par leur traité les Armoriques, ou du moins qu’ils consentirent qu’Aëtius obligeât ces révoltés à se soûmettre à certaines conditions.

Ce qui me paroît constant, c’est que le patrice Aëtius étoit encore dans les Gaules en l’année quatre cens quarante, et il est même probable qu’il y négocioit alors, pour engager les Armoriques à rentrer dans le devoir. Voici sur quoi je me fonde pour assurer ce que j’assure, et pour conjecturer ce que je conjecture.

En premier lieu, Sidonius dit positivement dans les vers qui viennent d’être rapportés, qu’Aëtius étoit sur les lieux, lorsqu’Avitus engagea Théodoric à renouveller les traités rompus par Litorius Celsus. On n’aura pas de peine à croire qu’Aëtius étoit revenu dans les Gaules à la premiere nouvelle de la bataille de Toulouse.

En second lieu, Prosper dit dans ses fastes : » Après la mort du Pape Sixte, l’Eglise de Rome fut près de quarante jours sans un Chef visible, parce qu’on attendoit avec patience le retour du Diacre Leon qu’on vouloit mettre sur le Thrône de S. Pierre, & qui se trouvoir actuellement dans les Gaules, où il travailloit à la réconciliation d’Albinus avec Aëtius. » Ainsi ce patrice étoit encore dans les Gaules en l’année quatre cens quarante. Il est presqu’aussi certain qu’il y négocioit avec les Armoriques, pour les engager à recevoir les officiers de l’empereur.

En effet, qui pouvoit être cet Albinus qui traitoit par la voye d’un médiateur si considérable, avec Aëtius le dépositaire de l’autorité impériale dans les Gaules ? Quel particulier jouoit un personnage assez considérable dans ce païs-là, pour avoir merité que Leon quittât l’Eglise de Rome, dont il étoit déjà un