Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/371

Cette page n’a pas encore été corrigée

après la défaite de Litorius. Aëtius étoit accouru en vain ; ses prieres & ses offres ne fléchissoient point les Barbares, & dénué de troupes, il ne pouvoit point employer d’autres armes pour les arrêter. La prise de Litorius nous livroit à la discrétion de Théodoric, qui étoit résolu d’étendre ses quartiers jusqu’au Rhône. Pour executer ce projet, il n’avoit point de combat à donner ; il n’avoit qu’à marcher en avant. D’ailleurs la crainte que Theodoric avoit sentie, en voyant les Scythes aux pieds des remparts de Toulouse, s’étoit changée en fureur depuis sa victoire. Il ne pouvoit point pardonner son épouvante à ceux qui l’avoient causée. Quand Rome n’espere plus rien de ses Capitaines & de ses Négociateurs, Avitus, vous faites revivre la paix par un simple renouvellement des Traités que nous avions faits précedemment avec les Visigots. Vous écrivez une lettre d’une page à un Roi qui ne respire que le carnage, & il s’appaise. » Véritablement la paix fut faite dans la même année, c’est-à-dire, dès quatre cens trente-neuf.

Mais j’aime mieux en croire Prosper que Sidonius, sur l’état où se trouverent les Gaules après le désastre de Litorius. Sidonius écrit ce qu’on vient de lire dans un Panegyrique, & encore dans un Panegyrique en vers qu’il composoit, pour louer son Compatriote, son beau-pere, & son Empereur. Nous ne sçavons point que Prosper ait eu aucun motif d’altérer la vérité. Voici sa narration : » On fit la paix avec les Visigots la même année que Litorius avoir été battu. Ces Barbares la demanderent avec encore plus de soûmission après le combat douteux où Litorius fut fait prisonnier, qu’ils ne la demandoient auparavant. » Jornandés dit, en parlant de ce même évenement : » Les Romains & les Visigots renouvellerent les anciens Traités & après qu’une paix sincere eût été faite entre les deux Partis, les armées rentrèrent de part et d’autre dans leurs quartiers. En effet, nous avons vû qu’une partie des troupes de Litorius avoit battu les ennemis qu’elle avoit en tête, et que si ce général fut pris, ce fut apparemment parce que le corps où il combattoit en personne, eut le malheur d’être rompu. Il lui étoit