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un homme de confiance, dans le tems que ce Capitaine commandoit les troupes que son Empereur avoir fait passer l’an cinq cens trente-cinq en Italie, pour y subjuguer les Ostrogots qui s’en étoient rendus maîtres. Comme les Francs jouerent un grand rôle dans la guerre dont l’Italie devint alors le théâtre, notre Historien se trouve obligé, quand ils entrent sur la scéne pour la premiere fois, à expliquer qui étoient ces nouveaux personnages. Son sujet l’engage donc, à dire en premier lieu, dans quels pays demeuroient les Francs, quand ils commencerent d’être célébres dans la societé des Nations, & à dire en second lieu, comment il étoit arrivé que ces Francs se fussent rendus maîtres en peu d’années des Gaules, dont l’acquisition les avoit mis à portée de prendre part aux guerres d’Italie. En un mot Procope en a usé ainsi qu’en useroit aujourd’hui un Auteur judicieux, qui écriroit l’Histoire particuliere de la guerre, commencée en mil six cens trente-cinq, entre la Couronne de France & la Couronne d’Espagne, & finie par la paix des Pyrenées. Comme la République des Provinces-Unies eut beaucoup de part à la guerre dont je viens de parler, notre Auteur ne manqueroit pas de mettre dans son Ouvrage un récit abregé de la maniere dont les dix-sept Provinces des Pays-Bas étoient passées sous la domination des Rois d’Espagne, & de la maniere dont sept de ces Provinces s’étoient soustraites à leur obeïssance, & s’étoient érigées en République à la fin du seiziéme siecle.

Je reviens à Procope, qui est de tous les Historiens du cinquiéme & du sixiéme siecle celui qui mérite davantage la confiance des Lecteurs. Il est Auteur contemporain, lui-même il a eu part aux affaires dont il rend compte, & il avoit de la capacité. Ainsi l’Abregé de l’Histoire de l’établissement de la Monarchie Françoise qu’il nous donne, doit être regardé comme la relation la mieux suivie, & la plus méthodique que nous ayons aujourd’hui de la fondation de cet Etat. Mais d’autant que Procope ne dit des Francs tout ce qu’il en écrit dans l’onziéme Chapitre du premier Livre de la guerre Gothique & dans les Chapitres suivants, que par forme de digression, & plûtôt afin de faire souvenir les Lecteurs de ce qu’ils auroient déja lû ailleurs, que pour faire l’Histoire de la Nation des Francs, il néglige de dater les évenemens dont il parle, & presque toujours il les rapporte dénués de circonstances propres à faire démêler en quelle année ils sont arrivés. Sans qu’il y ait pour cela de la faute de l’Histo-