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que lorsqu’il ne pouvoit pas le violer avec avantage. Carthage fut donc aussi-tôt prise, qu’attaquée.

Idace rapporte avec ces mêmes circonstances la prise de la ville dont il s’agit. « Le roi Genséric, dit-il, ayant surpris Carthage le dix-neuf d’octobre, il se rendit maître de toute la province d’Afrique. »

La prise de cette ville qui rendit en peu de tems Genséric maître de l’Afrique, fut, suivant la chronique de Prosper, la principale cause de la chute totale de l’empire d’Occident. En effet les Vandales devinrent par leur nouvelle conquête, les maîtres d’affammer Rome. Les grains dont elle avoit besoin pour subsister, lui venoient presque tous d’Afrique, et ce qui mérite encore d’être observé, le peuple de Rome ne faisoit point de provisions. Il étoit dans l’habitude dangereuse, d’acheter dans les marchés et au jour la journée, les vivres qu’il consommoit. A combien de monopoles la moindre interruption du commerce ne donnoit-elle pas lieu ? Quels ménagemens nuisibles au reste du corps de l’Etat, ne falloit-il point avoir, pour un peuple barbare qui avoit de pareilles armes à sa disposition, et qui pouvoit encore comme il arriva plusieurs fois dans la suite, venir attaquer les Romains dans Rome même. Nous verrons plus en détail dans la continuation de l’histoire, toutes les suites funestes de la prise de Carthage par les Vandales. Aussi Salvien dit-il, après avoir parlé de plusieurs provinces de l’empire envahies par les barbares : qu’enfin en s’emparant de l’Afrique, ils avoient mis, pour parler ainsi, l’ame même de la république sous le joug.

Ce saint personnage revient plusieurs fois dans son traité de la Providence, à la prise de Carthage. Il paroît que de tous les malheurs arrivés à l’empire durant le cinquiéme siécle, où il essuya tant de disgraces, elle fut celui qui affligeoit davantage Salvien. Dans l’endroit que nous venons de citer, il fait une description pathetique du sac de Carthage, où l’on ne se tenoit point sur ses gardes, et dont les citoyens ne s’occu-