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faite de Litorius, et les commentateurs de Salvien l’ont remarqué. C’est dommage que notre auteur qui écrivoit quelques années après la défaite de Litorius, se soit contenté de parler de cet évenement en orateur. Il ne laïsse pas néanmoins de nous apprendre, en exposant combien le doigt du seigneur y fut sensible, que le roi Theodoric partit de l’église, où il avoit passé plusieurs heures prosterné aux pieds de l’autel, pour donner la bataille, et qu’il ne chargea l’ennemi qu’après avoir merité par son humiliation et par ses prieres que le Dieu des armées combattît pour lui. Au contraire, Salvien accuse Litorius Celsus de la même présomption que les autres écrivains lui reprochent. Nous trouverons encore en plus d’une occasion dans la conduite de Theodoric, le caractere que lui donne ici cet écrivain.


LIVRE 2 CHAPITRE 10

CHAPITRE X.

Suite des évenemens. Prise de Carthage par les Vandales. Paix entre les Visigots & les Romains. Des Bagaudes d’Espagne. Saint Germain, évêque d’Auxerre interpose sa médiation en faveur des Armoriques.


Avant que de parler des suites de la défaite de Litorius Celsus, il est à propos de dire quelque chose de la prise de Carthage par les Vandales, puisque ce fut à la faveur des distractions que les affaires des Gaules donnoient sans cesse à Aëtius, qu’ils s’emparerent de la capitale de la province d’Afrique. Le dix-neuviéme d’octobre de l’année quatre cens trente-neuf, fut le jour qu’arriva un évenement si mémorable. Les Romains qui ne se défioient plus de Genséric, depuis qu’ils avoient fait la paix avec lui quatre ans auparavant, et qui avoient tant d’affaires ailleurs, ne prenoient pas les précautions nécessaires, pour garder une place d’une aussi grande importance, et située dans le voisinage d’un ennemi qui n’observoit les traités,