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rapporte aux chiffres marqués à côté du récit de chaque évenement dans la chronique de Prosper, ce traité n’aura été fait que vers l’année quatre cens quarante-trois, et non pas en quatre cens trente-neuf où nous le plaçons. Mais il y a certainement faute dans ce chiffre. La preuve est, que la chronique dont il s’agit, place notre traité avant la prise de Carthage par les Vandales, évenement arrivé certainement en quatre cens trente-neuf. Comme le païs appellé ici Sapaudia, n’est ni une des provinces, ni une des cités dans lesquelles la Gaule se divisoit pour lors, il est bien difficile de dire précisément quelles étoient les bornes de la concession faite aux Bourguignons. Autant qu’on en peut juger, elle leur donnoit des quartiers dans le duché de Savoye proprement dit, dans le Chablais, dans une portion de notre gouvernement de Bourgogne, et dans une partie de la Franche-Comté. On peut voir ce que dit M De Valois dans sa notice des Gaules, sur la Sapaudia.

Litorius Celsus se crut le maître des Gaules après ce traité ; et résolu de ne pas mieux garder la foi aux barbares que ceux-ci la gardoient ordinairement aux Romains, il se mit en marche pour attaquer les Visigots. Suivant les fastes de Prosper, Litorius commandoit immédiatement sous Aëtius, qui pour lors étoit patrice ; cependant aucun auteur ne qualifie Litorius de maître de la milice : que son expédition fut l’infraction de quelque nouveau traité fait entre les Romains et les Visigots, depuis la rupture arrivée en quatre cens trente-six, on n’en sçauroit douter, quoique l’histoire ne parle point, ni du tems de la conclusion, ni des conditions de ce traité. Nous avons vû qu’en quatre cens trente-huit les Visigots étoient encore en guerre ouverte avec les Romains, et nous allons voir que l’expédition que Litorius fit contre eux en quatre cens trente-neuf sous le consulat de Theodose et de Festus, est qualifiée par Jornandés, de violement de la paix. C’est ce que notre auteur n’auroit point fait, si la guerre eût toujours duré. Pour rompre un traité, il faut en avoir signé un auparavant.

Litorius Celsus, rival de la gloire d’Aëtius, et qui croyoit que rien ne pouvoit résister à une armée composée d’une infanterie romaine et d’une cavalerie scythe, marcha donc en tra-