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Cassiodore, et par tous les monumens les plus autentiques du cinquiéme siécle, que les Vandales prirent Carthage dès l’année quatre cens trente-neuf, et que saint Leon ne fut fait pape qu’en quatre cens quarante. Ainsi l’on ne sçauroit se fonder sur la chronique de Prosper, pour contredire la date de l’établissement des Alains dans les quartiers qu’Aëtius leur avoit donnés sur la Loire, non plus que celle des évenemens arrivés en quatre cens trente-neuf.

Mais dira-t-on, comment Prosper a-t-il pû se tromper, et mettre urbis valentinae pour urbis aurelianae. Je tombe d’accord qu’il n’y a point d’apparence qu’il ait fait cette faute. Aussi je la rejette sur quelqu’un de ses copistes présomptueux en demi-sçavant, et qui se figuroit que ce n’étoit pas l’empereur Aurelien, mais un des empereurs du nom de Valentinien qui avoit donné à Orleans, le nom qu’elle portoit dans le cinquiéme siécle. Je reprends l’histoire.

L’avantage que Litorius Celsus et les troupes auxiliaires qu’il commandoit remporterent sur les Armoriques, en violant, suivant l’apparence, la suspension d’armes, fit faire à ce géneral une réflexion séduisante, c’est qu’il étoit facile de défaire un ennemi qu’on attaque dans le tems qu’il croit n’avoir plus rien à craindre, parce que la paix vient d’être faite, et qu’un vainqueur est dispensé de rendre raison de sa conduite. Ne fut-ce point un pareil motif qui engagea le prince d’Orange à attaquer en mil six cens soixante et dix-huit les François campés près de Saint Denis en Hainault, quoiqu’il fût bien informé que la paix entre la France et la Hollande dont il commandoit l’armée, avoit été signée à Nimégue. Comme les Visigots ne s’attendoient pas d’être attaqués, soit qu’ils se flatassent que l’empereur désavoueroit les violences qui s’étoient faites contre les Armoriques, soit par d’autres raisons, Litorius se hâta de marcher contre les Visigots. Il paroît cependant qu’avant que d’aller à son expédition, il voulut s’attacher les Bourguignons qui avoient échappé au fer des Alains, et dont nous avons parlé. Litorius qui commandoit dans les Gaules sous les auspices d’Aëtius, donna donc, soit de son propre mouvement, ou en vertu d’ordres supérieurs, des quartiers dans la Sapaudie à ce reste de Bourguignons, à condition qu’ils s’y contenteroient d’une certaine portion des terres, et qu’ils laisseroient l’autre aux anciens habitans. Si l’on s’en