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celui qui rend compte de ce que firent les alains pour s’en mettre en possession ; et ce second passage n’est même séparé du premier que par un autre article d’une ligne et demie ; pourquoi Prosper auroit-il fait mention dans le premier de ces deux articles de sa chronique, de ceux des quartiers accordés aux Alains, dans lesquels ils seroient entrés sans coup férir, quand il n’auroit rien dit dans ce premier article, de la concession de ceux des quartiers accordés aux Alains, dans lesquels ils n’entrerent qu’après avoir livré plusieurs combats, dont notre auteur sçavoit bien qu’il seroit obligé de parler lui-même à deux lignes de-là ? En verité, quand on examine avec attention la chronique de Prosper, il paroît, nonobstant les dates tirées de l’avenement de Theodose Le Jeune au trône de l’empire d’Occident, que les copistes ont transcrites à la marge du récit de chaque fait, et qui sont démenties par les autres chronologistes, que les deux évenemens dont il est ici question ; je veux dire, la concession des quartiers faite aux Alains, et la prise de possession de ces quartiers par les Alains, sont des évenemens arrivés l’un et l’autre la même année, c’est-à-dire en quatre cens trente-neuf.

Si l’on nous fait là-dessus une objection, fondée sur ce que l’action par laquelle les Alains se mirent en possession de leurs quartiers, n’a pû arriver qu’après l’année quatre cens quarante, puisque Prosper n’en parle dans sa chronique qu’après avoir rapporté l’exaltation du pape saint Leon, qui ne se fit qu’en cette année-là, nous répondrons que, comme quelques sçavans croyent que cette chronique a été interpolée aux endroits où elle marque le regne de Pharamond, de Clodion et de Merouée ; elle peut avoir été aussi interpolée aux endroits où elle marque l’exaltation des papes. Celui qui aura écrit les lignes qui regardent l’exaltation de ces pontifes les aura mal placées, en inserant trop haut ce qu’il dit concernant l’exaltation de saint Leon ? Qu’il les ait mal placées : c’est dequoi l’on ne sçauroit douter, parce qu’il met cette mention de l’exaltation de S. Leon avant la prise de Carthage par Genséric. Or il est constant par les fastes de Prosper, par ceux de