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de Huns et d’Alains qu’il avoit fait venir dans les Gaules. D’ailleurs, comme Aëtius fut consul pour la seconde fois en quatre cens trente-sept, les affaires des Gaules ne firent cette année-là qu’une partie de celles dont il étoit chargé.

Chaque nation a son mérite particulier dans la guerre. Celui des Visigots étoit de se bien battre à l’arme blanche. Ils s’aidoient parfaitement de l’espieu d’armes et de l’épée. Comme les Romains, ils avoient peu de cavalerie dans leurs armées. Au contraire, les nations scythiques fournissoient d’excellente cavalerie. Les Huns, les Alains et les autres peuples compris sous le nom de Scythes, étoient adroits à manier leurs chevaux, comme à se servir de fléches et de toute sorte de traits. On peut se figurer quel avantage un géneral aussi intelligent qu’Aëtius tiroit des Huns auxiliaires qui servoient dans son armée, quand il faisoit la guerre dans un païs de plaines et quand il avoit affaire à des ennemis qui n’avoient point une cavalerie qu’ils pussent opposer à la sienne. Voilà, suivant l’apparence, ce qui le rendit si supérieur aux Visigots, qu’il les battit plusieurs fois durant la campagne de quatre cens trente-huit, quoiqu’ils eussent alors à leur tête un des grands rois qu’ait jamais eu cette nation, Theodoric premier. Ces barbares demanderent même à traiter, et ils convinrent avec Aëtius de l’armistice que nous verrons enfraindre par les Romains en quatre cens trente-neuf. Ce qu’on peut conjecturer avec probabilité touchant les conditions de cette espece de tréve dont les historiens ne parlent qu’à l’occasion de son infraction, c’est qu’elle portoit une cessation d’armes de part et d’autre, et qu’elle renvoyoit au prince d’accorder ou de refuser les demandes que faisoient les Visigots sur les points contestés entr’eux et les officiers de l’empire. Comme les Visigots avoient interêt à ne point se séparer des Armoriques, on peut croire qu’ils les comprirent dans la tréve, et la suite de l’histoire rend cette conjecture très-plausible.

Ce qui est de certain, c’est que vers le commencement de l’année quatre cens trente-neuf, Aëtius comptoit si bien que les troubles des Gaules étoient appaisés, ou du moins qu’il affectoit tellement de le croire, qu’il en partit pour se rendre à la cour de Valentinien, où il étoit bien aise d’être present quand on y traiteroit sur les interêts des Visigots, et sur ceux des Armori-